Tribune: « Ne persistons pas dans l’erreur ! » Issouf Ouédraogo
Ne persistons pas dans l’erreur !
L’Homme peut adorer aujourd’hui ce qu’il a haï hier et vice versa. Voilà ce qu’est l’Homme, changeant ondoyant et divers. Ce n’est point ce que l’homme veut ou peut qui nous intéresse mais ce qu’il doit. Le combat est de ne pas faire ce qu’on veut, ni ce qu’on peut mais ce qu’on doit. Ensuite il s’agira d’évaluer et éviter de persister dans l’erreur.
La pire des geôles est celle de l’erreur. Quand on ne sait pas que l’on est en erreur et que l’on refuse de faire machine arrière, on ne peut pas briser le cercle vicieux dans lequel le carcan des défis nous plonge chaque jour un peu plus vers les profondeurs.
Dans notre pays aujourd’hui, les difficultés se situent à plusieurs niveaux et une question s’impose. Où en allons-nous ?
Nombreux sont sans doute, les Burkinabè qui comprennent et acceptent que la voie prise actuellement n’est pas la bonne et que nous faisons fausse route. Ils savent ce que cela va nous coûter, à court, moyen et long terme, l’indifférence des autres face au tâtonnement dans la gestion des affaires de la nation.
Ils savent que sans élan collectif et le poids de tous les fils et filles du pays, le gouvernement ne changera pas d’orientation. Pas parce que le capitaine du navire ne voit pas, mais seul il ne peut voir tous les signaux d’alertes tempêtes et vents hostiles sur cette mer, le Sahel agité.
Il est temps d’ouvrir les yeux et de scruter l’horizon pour accepter l’apport de tous ceux qui sont à bord. Nous devons comprendre et accepter qu’aucune bataille ne saurait se gagner les yeux et oreilles fermés.
Notre drame n’est pas d’être dans l’erreur, mais d’y persister. Nous restons persuadés que c’est une grave erreur que d’abandonner un
gouvernement à son bon vouloir (folies et erreurs).
L’exemple, sur lequel on s’appuie aujourd’hui, notamment, la révolution de Sankara, comme toutes les révolutions, elle a eu sa part de rêves mais aussi des erreurs. Le père de la révolution, Thomas Sankara a fait l’inventaire de ces erreurs lors de son discours du 2 octobre 1987 à Tenkodogo et proposé même leur rectification.
Alors que veulent ces nouveaux
révolutionnaires qui veulent le changement de la société sans tenir compte des réalités du moment et de l’avis de tous ? Chacun de nous a une énorme responsabilité dans la gestion du pays.
Et c’est bien le moment de nous réveiller, d’avoir une claire conscience que nous avons notre part de responsabilité dans la tragique situation actuelle du pays.
On ne parle pas non plus de ceux qui n’ont réussi que de leur propre changement dans la lutte pour le changement. Nous parlons des femmes et des hommes qui ont triomphé de l’instinct du pouvoir et du vouloir pour vivre le devoir pérenne, pour une société en harmonie.
Souvenons-nous donc que le peuple est en chacun de nous. Nous en sommes tous et chacun en est un microcosme. La solution à notre situation dépend donc de la volonté, de la détermination et de la capacité de chacun de nous de ne plus persister dans l’erreur.
Les peuples qui ont accepté de reconnaitre leurs erreurs, sont ceux qui nous donnent des leçons de développement aujourd’hui. Ce recul pour éviter les erreurs a permis à plusieurs nations de sortir du gouffre.
Pendant combien de temps continuerons-nous d’ignorer que nous nageons toujours en rond. Tant que le Burkina Faso ne fera pas le bilan critique de ses erreurs, il ne s’en sortira jamais. Ayons le courage de faire face à notre passé, à notre présent, et aux défis de l’avenir.
On est tous harassés de la situation sécuritaire et du marasme économique. On a tous envie de retrouver notre joie de vivre. La question, c’est de savoir si eux-mêmes savent encore ce qu’ils veulent à part persister toujours dans l’erreur.
Tout le monde peut se tromper dans l’analyse et l’évaluation d’une situation. Mais à l’usage, on s’en aperçoit très vite. On le reconnait et on rectifie le tir. Or, nous continuons de foncer dans les abîmes en appuyant même sur l’accélérateur. Et d’aucuns diabolisent ceux qui osent crier : attention !
Il est grand temps que la Transition cesse de baigner dans ses erreurs.
Issouf OUEDRAOGO, Journaliste-Analyste
Tout totalitarisme sera toujours défait dans ce pays.