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Saison agricole 2020: « Nous avons pour défi d’atteindre 20 000 tonnes de semences en cette nouvelle campagne qui commence » Inoussa OUEDRAOGO, président de l’UNPS-B

A l’an I de son mandat à la présidence de l’Union Nationale des Producteurs Semenciers du Burkina (UNPS-B), le président Inoussa OUEDRAOGO a bien voulu répondre à nos questions pour faire le bilan de sa première année de gestion.

Quel bilan des acquis faites-vous un an après votre installation à la tête de l’Union nationale des producteurs semenciers du Burkina ?

Effectivement comme vous l’avez dit, nous avons été installé avec le Conseil d’administration de l’Union Nationale des Producteurs Semenciers du Burkina (UNPS-B). Aussitôt après notre installation nous avons participé à la Journée Nationale du Paysan (JNP 2019) qui se tenait à Gaoua du 25 au 27 avril 2019. Nous avons pris activement part à cette édition en travaillant auprès des organisations faîtières sœurs pour défendre l’activité agricole en générale et aussi aux questions liées à la production semencière. De retour de cette foire, nous avons entamer la première édition de qu’on appelle les journées professionnelles des semences agricoles améliorées certifiées de Ouagadougou que nous avons tenu du 16 au 18 mai. L’objectif de cette foire était de faire la visibilité de ce qu’est la semence et rapprocher davantage les semences certifiées agricoles des utilisateurs. Je pense qu’en deux (02) jours, cette foire a permis non seulement à pas mal de burkinabè d’avoir des informations sur les semences agricoles améliorées et aussi d’avoir des adresses sûres. Cette foire a permis aussi à d’autres pays de la sous-région à nous contacter par rapport à l’approvisionnement en semences. Nous avons eu près de 1800 visiteurs en deux (02) jours avec 25 tonnes de semences que nous avons pu écouler. Pour nous, cela a vraiment été une réussite.

Après foire c’était à l’entame de la campagne. Nous avons pu cette année suivre auprès du ministère de l’agriculture et des missions parallèles que nous avons effectuées, faire le tour des treize (13) régions et faire le suivi de la campagne, et toucher du doigt les réalités sur le terrain et voir comment les semences se comportent au champ. Nous avons pu faire cette tournée au niveau national. Nous avons pu faire le bilan de la campagne en termes de perspectives et aussi en termes de production obtenu. 12 000 tonnes étaient notre prévision annuelle en termes de production avec toute spéculation confondue. A la fin nous avons obtenu 11 000 tonnes de semences certifiées bonnes.

Nous avons par ailleurs en une année renforcer également les relations partenariat avec certains de nos partenaires, en l’occurrence le ministère de l’agriculture avec qui nous avons travaillé à renforcer nos relations en termes de formation. Aussi, avec le ministère de la recherche scientifique, à travers le département de l’INERA et l’université de science avec lesquelles on a pu établir des relations de partenariat. Nous avons également travaillé à renforcer nos capacités avec la FAO et aussi avec la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Aussi, au cours de l’année écoulée, nous avons effectué des missions à l’international. Ainsi, nous avons pu signer une convention avec une ONG canadienne appelé IPED. En termes de recherche de partenariats, nous avons signé sept (07) conventions sur cinquante (50) avec cette même ONG canadienne. Nous avons également dans nos relations avec le CORAF nous ont permis de voyager au Sénégal et à Abidjan pour travailler sur les plans semenciers. Avec le ProCiV, nous avons deux (02) fois effectuée des voyages d’étude en Allemagne sur la mécanisation agricole. Nous avons aussi participé à la foire Agritechnicar qui est la plus grande foire de mécanisation agricole au monde.

Il y a eu aussi le renforcement de capacité de nos membres. En effet, l’année passée, nous avons pu former nos membres du comité de surveillance des treize (13) régions, communément appelé comité de contrôle. Ils ont été formés sur leur rôle pour pouvoir mieux accompagner les Conseils d’administration à jouer pleinement leur rôle. A cela s’ajoute la formation dont nous avons pu bénéficier en décembre passé. Il s’agit de la formation en technique de production de semence de base. Nous avons également signé une convention portant sur la   mécanisation agricole, car cela faisait partie l’année passée de nos préoccupations.

En termes d’actif, nous sommes plus visibles, car nous travaillons également sur ce volet afin de mieux faire connaître notre structure et faire connaître ce que nous faisons.

Quels sont les défis du moment pour votre deuxième année ?

En termes de perspective, nous travaillons actuellement sur notre manuel de procédure pour mieux le conformer à notre vision et réalités du moment. Nous sommes également en train d’élaborer notre plan stratégique pour les cinq (05) prochaines années et notre stratégie de développement de la filière.  

Nous avons aussi à l’idée de mettre en place des partenariats avec nos faîtières sœurs et les différents ministères avec lesquels nous n’avons pas l’habitude de travailler, en l’occurrence le ministère de la jeunesse et de l’emploi. En effet, il y a de nombreux jeunes qui se lancent dans l’agriculture. Nous comptons aussi avoir une ouverture à la fois au plan sous régional et international. Dans cette perspective, nous comptons relancer la foire aux semences de Ouagadougou. Cette année c’était la deuxième édition et compte tenu de la pandémie du coronavirus on a été obligé de reporter et cela est un défi pour nous pour les années à venir pour qu’on puisse réaliser ça en impliquant également les autres pays de la sous-région. Nous allons par ailleurs continuer le renforcement de capacités de nos membres. En 2020, nous souhaitons aussi améliorer la qualité de nos produits et en partant sur la base d’une mécanisation, nous allons voir aussi s’il est possible d’installer quelques unités avec nos partenaires pour le nettoyage et les calibrages de nos usines. Nous sommes aussi en train de travailler à rapprocher les semences des utilisateurs en mettant des boutiques ou des points focaux en place.

Nous avons aussi pour défi d’atteindre 20 000 tonnes de semences en cette nouvelle campagne qui commence. Il nous faut aussi travailler avec les autres acteurs à la planification de la production. Nous allons aussi travailler sur nos capacités en termes de financement, c’est également un volet très important.

Comment les semenciers vivent-ils la maladie à coronavirus ?

Nous sommes comme tout le monde dans la dynamique de protection et de respect des mesures sanitaires édictées par le Gouvernement. Au niveau de nos démembrements, nous essayons de les accompagner pour plus d’informations afin qu’ils puissent se protéger. Nous travaillons avec la GIZ qui nous accompagne avec du matériel d’hygiène dans toutes les communes où nous seront appelé à distribuer des semences cette année.

Au-delà de tout, nous pensons à comment être résilient et nous en sortir face à la situation que nous traversons. Les premières pluies ont commencé et bientôt nous devrons rejoindre les champs pour travailler. Nous avons des défis alimentaires à relever et nous nous posons des questions sur comment y parvenir. Nous nous questionnons aussi par rapport à la main d’œuvre. Ceux qui connaissent la campagne savent que les élèves contribuent en terme de main d’œuvre pour aider les parents dans les travaux champêtres. Et compte tenu de ce contexte qui est en train de chambouler le programme éducatif, nous sommes en train de penser à comment les parents qui n’ont pas d’autres enfants que ceux qui sont à l’école vont s’en sortir. Ceux qui n’ont pas de l’aide vont certainement réduire leur superficie. Cela peut jouer fortement sur la production agricole et sur la sécurité alimentaire.

Comment se fait la fixation des prix des semences agricoles ?

Depuis un certain temps, c’est parti d’une étude menée par la FAO qui a pris en compte tous ce qui peut être pris en compte dans la production semencière. Mais au fil du temps, nous allons revoir certains à la baisse et d’autres à la hausse au regard de certaines conditions. Chaque année, notre partenaire principale qui est le ministère de l’agriculture rencontre le ministère de l’économie pour que nous puissions discuter et faire ressortir les difficultés de la campagne. En fonction de ce que le ministère veut prendre comme mesures et a comme objectifs, nous décidons et nous nous accordons sur les prix. Avec les autres partenaires il y a des prix planchers. Par exemple cette année, nous avons fait baisser le prix du maïs et du riz pour faire face à la situation sécuritaire et celle sanitaire.

Comment comptez-vous gérer la fronde de certains producteurs dans la région du centre sud ?

Nous pensons que cette question va bientôt connaître un dénouement. Il faut privilégier les échanges et à la communication. Je crois que si c’était une autre solution qui devait être adopté nous l’aurions déjà trouvé. Nous sommes dans un esprit ouvert par rapport à la question.

Le Burkina Faso tout comme les autres pays est confronté au phénomène du changement climatique. Est-ce que l’utilisation des semences améliorées peut être une alternative à ses effets ?

J’estimes que c’est ce pourquoi la semence améliorée est intervenue. Les scientifiques travaillent chaque jour pour trouver de nouvelles variétés de semences.

Peu d’agriculteurs au Burkina utilisent aujourd’hui les semences améliorées. Nous travaillons à améliorer cela. Il faut travailler à montrer son importance et à rapprocher la semence améliorée des utilisateurs.

Interview réalisée par Van Marcel OUOBA, Gulmu.Info

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