Région de l’Est , abandonnée ?
De plus en plus, j’entends des voix dire que la Région de l’Est est abandonnée. C’est de bonne guerre pour ceux qui conçoivent les choses ainsi. Mais moi j’irai encore plus loin. Les politiques publiques de développement sont mal pensées et agencées avec la complicité des leaders de chaque région.
Le fils ou la fille de n’importe quelle région qui arrive à se faire nommer ministre , DG ou à se faire élire député n’a d’aspiration que de satisfaire les désidératas ponctuels de son égo et de son entourage immédiat, n’a de vision que les prochaines élections. Conséquences, les problèmes structurels de nos populations sont royalement éludés car madame ou monsieur se contente de distribuer des sacs de maïs, de riz , des sacs d’écoliers ou de ballons aux jeunes à chaque occasion de retour au fief. Ministre, Député, DG ressortissant de chaque région affectionnent ces pratiques. C’est bon, mais ce n’est pas cela l’essentiel.
La région de l’est est abandonnée… toutes les régions , surtout frontalières sont abandonnées. À moins d’être un hypocrite dans un salon climatisé de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso pour voir un Burkina harmonieux.
La région de l’Est. C’est vraiment un potentiel immense de développement : les ressources fauniques, aurifères, l’élevage… Des pays voisins sont en train de construire des abattoirs modernes dans leurs zones frontalières. Ils ne comptent que sur le cheptel burkinabè, mais nous on fait quoi exactement? Personne n’en parle. Les voix les plus autorisées dorment tranquille dans fêfê à Ouagadougou.
La région du Sahel, un potentiel immense. Le Burkina pouvait servir des produits carnés, laitiers à toute l’Afrique de l’ouest. Malheureusement rien de structurel n’a été pensé autour de ces richesses. L’État a fui ses responsabilités et les partenaires au développement sont venus » imposer » l’assistanat chronique aux populations oubliées. Aujourd’hui, le terrorisme est venu tout entraîner dans l’abîme.
La région de la Boucle du Mouhoun. Le grenier du Burkina, dit-on. Et c’est pourtant l’une des régions où la malnutrition sévit le plus.
Chaque année, la province des Banwa a une production céréalière excédentaire, mais aucune bonne route, aucun bon schéma d’écoulement, aucun débouché sécurisé pour les producteurs. Des braves paysans produisent, bradent instantanément tout à vil prix et attendent la prochaine saison.
La vallée du Sourou, voilà une zone de production piscicole, agricole… par excellence. Mise en valeur, cette vallée suffirait à nourrir tout le Burkina. Mais on vient trôner un Échangeur de 70 milliards en plein centre de Ouagadougou et on compte toujours sur la générosité des chinois et des saoudiens pour manger. Voilà notre problème.
Le Centre-ouest. Les terres arables de la Sissili et du Ziro ont été bradées à vil prix au profit des hommes politiques, des hauts commis de l’État et des hommes d’affaires. Aujourd’hui, ces terres ne sont malheureusement pas mises en valeur. Les ex propriétaires terriens se disputent les lopins de terre restant pour assurer leur survie. Pendant ce temps, les nouveaux acquéreurs entretiennent leurs embonpoints avec du whisky à Ouagadougou.
Bref!!!
Il nous faut sérieusement repenser nos politiques publiques de développement. Et cela passe avant tout par un désenclavement des cerveaux.
L’égoïsme de certains responsables, la myopie politique et les crispations sur les questions électorales nous conduisent à reléguer au second plan l’essentiel.
Les leaders ( ministres, députés, DG…) peuvent bien évoquer intelligemment ces questions dans les instances officielles sans pour autant tomber dans le régionalisme. D’ailleurs, la politique de décentralisation avec l’érection des communes et régions est venue donner à tous un autre cadre d’expression. Malheureusement là-bas aussi, on rencontre beaucoup plus des chasseurs de perdiems, des businessmen que des acteurs de développement.
En entendant, continuons à nous laver les mains.
Pris sur le mur facebook de Beda Maurice