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Paix au Burkina Faso : Le Cadre de Dialogue et de Médiation du Gulmu implique des leaders communautaires de la région de l’Est.

Des tensions communautaires entravent la paix et le développement dans la région de l’Est du Burkina Faso. Pour y mettre fin, un groupe de leaders s’investit dans les efforts de pacification de la zone. Ces dirigeants se retrouvent dans le Cadre de Dialogue et de Médiation du Gulmu, créé par l’ex-maire de la ville de Fada, Monsieur Yendifimba Jean-Claude LOUARI. Objectifs visés : favoriser la compréhension mutuelle, la résolution pacifique des conflits et la promotion de la cohésion sociale. Ces leaders communautaires agissent au quotidien, inspirés par la célèbre phrase du Président Houphouët Boigny : « La paix n’est pas un vain mot, mais un comportement ».

Dans le cadre de son mandat, les dirigeants et membres du Cadre de Dialogue et de Médiation mènent des activités dans la région pour rétablir le vouloir vivre communautaire, en paix, dans la région. On peut citer notamment le pari réussi pour le collège de dialogue et de médiation (CDM) le 13 août 2021 dans la salle de réunion de la mairie de Fada N’Gourma, ayant permis de résoudre le litige  foncier entre les villages de Koaré et de Bounkpa, dans la commune de Fada.

 

Au commencement : les journées de dialogue intercommunautaires

En 2015, la région de l’Est au Burkina Faso subit des attaques terroristes. Les habitants constatent des assauts sur des convois, assassinats, enlèvements, fermeture des services sociaux de base et déplacement forcé des populations. En plus de ces conséquences directes du terrorisme, des observateurs avisés relèvent repli sur soi identitaire et la méfiance entre les différentes communautés qui vivaient autrefois en harmonie. Il faut agir vite, et très vite pour restaurer la paix et la cohésion sociale. Juillet 2020, cinq ans après les premières attaques terroristes, la commune de Fada N’gourma organise les journées de dialogue intercommunautaires (JDI). À la fin des travaux, les participants décident de créer le Cadre de Dialogue et de Médiation, CDM. Sa mission : prévenir les conflits communautaires et de restaurer la cohésion sociale et la paix dans la région de l’Est au Burkina Faso.

Le CDM, un partenaire inclusif et sûr pour la paix et la réconciliation

Les seize membres du Cadre de Dialogue et de Médiation proviennent de toutes les confessions religieuses et d’autres structures socio-politiques. Le révérend pasteur Namihanla Albert Yonli des Églises Évangéliques/SIM préside le CDM. Son bureau exécutif comprend un 1ᵉʳ vice-président, Monseigneur Yempabou Pierre Claver Malgo, évêque de Fada N’gourma ; le 2ᵉ vice-président, le grand imam de Fada N’gourma, El Hadji Aboubacar Kina, ainsi que d’autres membres représentant les coutumiers, les forces de défense et de sécurité, les volontaires pour la défense de la patrie, les kolweogos, les jeunes et les femmes.

Litige foncier entre les villages de Koaré et de Bounkpa: la poignée de main de la réconciliation à l'issue de la médiation du CDM
Litige foncier entre les villages de Koaré et de Bounkpa: la poignée de main de la réconciliation à l’issue de la médiation du CDM

Le 20 janvier 2021, soit six mois après son installation, le CDM présente son bilan au gouverneur de la région de l’Est, le Colonel Saidou Toussaint Prosper Sanou. Parmi les réalisations, la délégation du CDM a présenté  les médiations réalisées pour réconcilier plusieurs villages, sur des questions de fonciers, son intervention dans la crise de la chefferie coutumière pour apaiser les camps protagonistes, etc. Le gouverneur exprime sa gratitude envers la délégation pour cette démarche civile et félicite les promoteurs du CDM pour cette initiative salutaire. « C’est une première au Burkina Faso », souligne-t-il. Rapport d’activité en mains, le gouverneur s’engage en personne, ainsi qu’au nom des services territoriaux déconcentrés, à accompagner le CDM dans sa quête de réconciliation et de paix. « Ce sont des objectifs chers au chef de l’État et à tous les Burkinabè ». Depuis sa création, le Cadre de Dialogue et de Médiation du Gulmu s’est imposé comme un acteur incontournable dans la promotion de la paix et de la réconciliation dans la région de l’Est en créant un environnement propice à la résolution pacifique des conflits.

 

Le CDM, une inspiration des enseignements du Président Houphouët BOIGNY

Le Cadre de Dialogue et de Médiation du Gulmu sensibilise les communautés sur l’importance de la paix. En ce sens, le CDM organise « des journées intercommunautaires, des séminaires éducatifs, des ateliers et des campagnes de sensibilisation pour promouvoir le dialogue intercommunautaire et renforcer les liens sociaux. » nous a confié Fimba OUOBA, président du conseil régional de la jeunesse de l’Est, membre du CDM.

Des efforts couronnés de succès, car « des dizaines de villages ont pu résoudre leurs différends de manière pacifique grâce à la médiation du Cadre » témoigne Yedfimba Jean Claude LOUARY, ex-maire de Fada et initiateur principal de cette organisation. Cette organisation suit les traces des enseignements du président Houphouët Boigny desquels on retient que « La paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement. »

En travaillant en étroite collaboration avec les autorités locales, « ce groupe de leaders a rassemblé plusieurs fois des belligérants dans nos villages pour trouver des solutions à des conflits. Grâce à leur leadership, des conflits liés aux fonciers, et de bien d’autres natures ont été résolues dans un silence qui mérite l’admiration. » nous a confié M. Hubert YAMEOGO, Gouverneur de la région de l’Est. « Ils nous sont d’une telle utilité que nous avons aménagé un bureau au conseil régional de l’Est pour les avoir tout temps avec nous. » nous confie-t-il.

 

Le CDM, la case au milieu village dans la région de l’Est

Le cadre de dialogue et de médiation joue un rôle crucial dans la résolution des conflits dans la région de l’Est du Burkina. Il sert de plateforme neutre où les parties en conflit se rencontrent, dialoguent et négocient afin de trouver des solutions pacifiques à leurs différends.

Dans de nombreux conflits de la région de l’est, il existe souvent des groupes ethniques, politiques ou religieux qui s’opposent les uns aux autres. Le cadre de dialogue et de médiation facilite la communication entre les groupes en conflit et aide à construire un dialogue constructif pour résoudre les problèmes constatés.

Le CDM également contribue à restaurer la confiance entre les parties en conflit et à réduire les tensions. Les médiateurs agissent comme des facilitateurs neutres et impartiaux, aidant les parties à mieux se comprendre mutuellement, à exprimer leurs préoccupations et à rechercher des solutions équitables et durables.

Le cadre de dialogue et de médiation offre par ailleurs un espace pour l’inclusion de toutes les parties prenantes concernées, y compris les femmes, les jeunes et les groupes identifiés comme « marginaux ». Cela permet d’assurer que les intérêts et les préoccupations de toutes les parties sont pris en compte dans la résolution des conflits, contribuant ainsi à une paix durable qui réduit les tensions et favorisent la stabilité dans la région.

 

Inclusion, participation, écoute et dialogue dans le modus operandi du CDM.

Le cadre de dialogue et de médiation de la région de l’est du Burkina Faso fonctionne selon un processus inclusif et participatif. Il vise à favoriser la résolution des conflits et des différends de manière pacifique et durable.

 

Le cadre de dialogue rassemble des acteurs locaux de tout bord tels que des représentants de la société civile, des chefs traditionnels, des leaders religieux, des autorités administratives et des organisations communautaires. Ces acteurs s’impliquent dans la promotion du dialogue, de la concertation et de la médiation pour résoudre les problèmes ou les tensions qui peuvent surgir dans la région.

 

La médiation se déroule généralement en plusieurs étapes. Tout d’abord, les parties prenantes identifient les problèmes, les sources de conflit ou les préoccupations qui nécessitent une intervention. Ensuite, elles se réunissent pour des séances de dialogue et de négociation, où chacun peut exprimer ses points de vue et rechercher des solutions communes.

 

Les médiateurs, souvent des membres respectés de la communauté ou des organisations spécialisées, facilitent ces séances en encourageant l’écoute active, la compréhension mutuelle et la recherche de consensus. Ils aident à créer un environnement propice où toutes les parties se sentent en sécurité pour s’exprimer et contribuer aux discussions.

 

Après la conclusion d’un accord, les parties conviennent d’un plan de mise en œuvre. Elles mettent en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour s’assurer que les engagements pris sont respectés et que toute nouvelle tension ou divergence peut être résolue rapidement.

Témoignage du chef de Koaré :

Réunion entre les membres du CDM et les deux chefs protagonistes
Réunion entre les membres du CDM et les deux chefs protagonistes

« Je suis le chef de Koaré, un village riverain qui partage une forêt avec le village voisin de Bounkpa. Pendant de nombreuses années, nos populations ont coexisté pacifiquement, pratiquant l’agriculture et l’élevage dans cette région fertile. Cependant, récemment, j’ai été confronté à une situation délicate qui a mis à l’épreuve nos relations.

Le chef de Bounkpa et ses notables ont pris la décision de créer une zone de pâturage pour leur bétail. Cette zone a été identifiée et ils ont commencé à chercher des partenaires techniques et financiers pour concrétiser leur projet. Malheureusement, personne ne m’a informé de cette décision, ce qui a suscité ma colère et ma désapprobation.

Lorsque j’ai découvert ce qui se passait sur mes terres, j’ai immédiatement exprimé mon désaccord. Je me suis opposé fermement à ce projet et les tensions ont commencé à monter des deux côtés. Parfois, ces tensions étaient accompagnées de menaces d’affrontements, ce qui a rendu la situation encore plus préoccupante.

Informé de cette situation, notre maire, Yendifimba Jean-Claude Louari, a agi rapidement et a contacté le Pasteur Albert M. Yonli, président du Collège de Dialogue et de Médiation (CDM). Le Pasteur Yonli a convoqué une réunion avec d’autres leaders religieux, tels que l’évêque Yempabou Pierre Magloire Malgo et le grand Imam Aboubacar Kina, pour discuter de la meilleure stratégie à adopter.

 

Lors de cette rencontre, nous sommes parvenus à un accord. Cet accord stipule que tous les agriculteurs doivent libérer la zone en question après la prochaine campagne agricole. Nous nous sommes également engagés à trouver de nouvelles terres cultivables pour nos sujets respectifs. Depuis lors, nos deux villages travaillent ensemble pour respecter la vocation attribuée à cette zone. De plus, la zone est désormais la propriété de la commune et le maire est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et sa gestion.

Grâce à la médiation du maire et du Collège de Dialogue et de Médiation, nous avons pu trouver un compromis qui préserve les intérêts des deux parties. Je suis reconnaissant envers tous ceux qui ont contribué à cette résolution pacifique et je suis déterminé à veiller à ce que cette entente soit respectée. »

Les autorités nationales et les partenaires internationaux soutiennent le cadre de dialogue et de médiation de la région de l’est du Burkina Faso. Ils fournissent au CDM des ressources, des formations et des conseils techniques pour renforcer la capacité des acteurs locaux à mener des processus de médiation efficaces.

Le Cadre de Dialogue et de Médiation du Gulmu incarne parfaitement la vision du Président Houphouët selon laquelle la paix n’est pas simplement un vain mot, mais un comportement. Le CDM participe activement aux efforts de paix dans la région de l’Est du Faso par son travail acharné et sa détermination à promouvoir la compréhension mutuelle, la tolérance et la réconciliation entre les communautés. Le modèle du CDM peut inspirer des leaders d’autres régions à s’engager dans des initiatives similaires pour favoriser la cohésion sociale et la recherche de la paix durable au Burkina Faso.

 

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

NB : Ce reportage a été fait dans le cadre la formation de 25 Journalistes issus du Mali, du Niger, du Benin, du Togo, de la Cote d’Ivoire, de la Guinée et du Burkina Faso par la fondation hirondelle, sur la thématique « Médias et Prévention des conflits »

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