Nutrition en Danger : Les Jeunes et les Femmes se Mobilisent pour un Avenir Sain dans la région de l’Est
Dans un contexte alarmant de malnutrition au Burkina Faso, le Forum Régional des Jeunes et des Femmes sur la Nutrition s’est tenu ce Jeudi 07 Novembre 2024 à Fada N’Gourma, mobilisant acteurs locaux, ONG et autorités. Organisé par les jeunes et les femmes de la région, cet événement vise à formuler des recommandations concrètes pour améliorer la situation nutritionnelle. Jean-Baptiste Beogo, Haut-commissaire de la province de la Gnagna, représentant le gouverneur, a ouvert le forum en soulignant l’urgence d’agir face à une crise exacerbée par l’insécurité en présence d’une centaine de jeunes et de femmes.
La nutrition est un enjeu fondamental pour le développement humain et socio-économique du Burkina Faso. Malgré les efforts considérables déployés par le gouvernement et ses partenaires, la malnutrition demeure un problème aigu. Les résultats de l’enquête nutritionnelle nationale (ENN) de 2021 révèlent des taux alarmants : 9,7 % de malnutrition aiguë, 21,6 % de malnutrition chronique et 17,5 % d’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq ans. Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants dans la région de l’Est, où les enquêtes SMART de juillet 2023 montrent que les prévalences de malnutrition aiguë dépassent le seuil de 10 % fixé par l’OMS. À Diapaga, par exemple, la prévalence atteint 21,2 %, tandis qu’à Fada N’Gourma, elle est de 13,1 %.
Cette situation est exacerbée par la crise sécuritaire qui sévit depuis 2015, entraînant un nombre croissant de personnes déplacées internes. Jean-Baptiste Beogo, Haut-commissaire de la province de la Gnagna, a souligné l’impact de cette crise lors de l’ouverture du Forum Régional des Jeunes et des Femmes sur la Nutrition. « Cette situation est préoccupante, surtout avec la crise sécuritaire qui affecte tant les populations locales que les déplacés internes », a-t-il déclaré. Il est essentiel de prendre en compte ces réalités pour comprendre l’urgence d’une intervention.
La malnutrition ne représente pas seulement un défi de santé publique ; elle constitue également un frein au développement socio-économique du pays. Une étude récente estime que la sous-nutrition coûte au Burkina Faso plus de 400 milliards de FCFA chaque année, soit 7,6 % du PIB. À l’inverse, investir dans la nutrition pourrait augmenter le PIB de 5 % par an, créant ainsi des emplois et contribuant à la réduction du chômage.
Un Forum pour l’Engagement
Le Forum Régional des Jeunes et des Femmes sur la Nutrition, qui s’est tenu, a été une plateforme cruciale pour mobiliser les acteurs clés autour de cette problématique. L’événement a rassemblé des représentants de divers secteurs, y compris des ONG, des autorités locales, des jeunes et des femmes engagés dans la lutte contre la malnutrition.
Lors de son discours d’ouverture, Jean-Baptiste Beogo a exprimé sa gratitude envers les organisateurs et les partenaires. « Je voudrais féliciter les organisateurs pour le travail accompli, car le nombre de participants témoigne de l’engagement de chacun », a-t-il dit. Il a également souligné l’importance de formuler des recommandations pour améliorer la situation nutritionnelle dans la région. « Un des objectifs de ce forum est de formuler des recommandations concrètes pour faire face à la malnutrition », a-t-il ajouté.
Les jeunes se sont engagés.
Rosine Ouango, présidente du club U Report à Fada, a partagé les ambitions concrètes du forum. « Après ce forum, nous allons former 100 jeunes champions en nutrition qui accompagneront des enfants malnutris », a-t-elle expliqué. Ces jeunes seront formés pour aider à la fabrication de crèmes et de laits infantiles, et pour sensibiliser les familles à l’importance de la nutrition. « Nous allons également partir dans les familles pour sensibiliser et accompagner ces enfants dans leur prise en charge », a-t-elle ajouté.
Lors de l’interview, Rosine a également abordé la question de la mobilisation des parents. « Pour que notre initiative soit efficace, il est crucial que les parents nous soutiennent. Nous, les jeunes, devons être motivés, et toutes les autorités présentes doivent également nous accompagner », a-t-elle déclaré avec conviction.
L’UNICEF, le partenaire technique et financier de l’initiative
Le rôle de l’UNICEF en tant que partenaire technique et financier du forum a été également mis en avant. Dr Fidel Rima, représentant par intérim du bureau de l’UNICEF, a souligné l’importance de cet événement. « Ce forum est un cadre de consultation essentiel qui regroupe des jeunes, des femmes et des autorités locales. Il vise à partager des expériences et à dégager des pistes d’intervention concrètes », a-t-il expliqué.
Dr Rima a insisté sur le fait que les jeunes et les femmes occupent une place centrale dans la lutte contre la malnutrition. « Renforcer leurs capacités est essentiel pour transformer leur engagement en actions concrètes sur le terrain », a-t-il affirmé. Il a également souligné que la prévalence de la malnutrition dans la région dépasse les seuils critiques, ce qui est alarmant pour l’UNICEF et les acteurs humanitaires. « La région de l’Est fait face à de multiples défis qui ont pour conséquence l’accroissement de la prévalence de la malnutrition dans plusieurs zones, notamment dans les zones d’accès difficiles », a-t-il précisé.
Durant le forum, des communications en plénière ont permis de renforcer les capacités des jeunes et des femmes, suivies de discussions ouvertes pour favoriser l’échange d’idées et de bonnes pratiques. Cette approche participative a été saluée par plusieurs intervenants, qui ont souligné l’importance de l’implication active de tous les acteurs. Amidou COMBARY, jeune participant a déclaré : « Nous avons besoin de plus de formation et de ressources pour lutter contre la malnutrition. Ce forum est une excellente opportunité pour échanger des idées et des stratégies. »
Aicha TRAORE, participante aussi au forum a ajouté : « Il est essentiel que les femmes soient au cœur de la lutte contre la malnutrition, car elles jouent un rôle clé dans la chaîne alimentaire. Nous devons être formées et soutenues pour pouvoir agir efficacement. »
Ce forum a permis de poser les bases d’un engagement collectif pour lutter contre la malnutrition au Burkina Faso. Les échanges ont mis en lumière les défis, mais aussi les solutions possibles. Les engagements pris lors du forum, notamment la formation de jeunes champions en nutrition et le soutien aux familles, montrent que des actions concrètes peuvent être mises en œuvre.
Il est maintenant temps d’agir, de mettre en œuvre les recommandations formulées et de continuer à travailler ensemble pour garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle de tous les Burkinabè. La route est encore longue, mais la détermination des jeunes et des femmes, alliée à l’engagement des autorités et des partenaires, peut faire la différence.
Issa THIOMBIANO, Gulmu Info