Nouvelle obligation du casque moto : des motards verbalisés malgré eux à Fada
C’était une journée comme les autres pour Julien (Nom d’emprunt). Comme chaque jour, le jeune de 35 ans enfourchait sa fidèle moto pour se rendre à son service pour la journée de travail. Empruntant la RN4 qui relie Fada à la capitale, il roulait calmement, respectant scrupuleusement les limitations de vitesse. Soudain, Julien aperçoit des agents de police faisant un contrôle sur la RN4 de la ville de Fada. Sans hésiter, il ralentit et se range sur le côté de la route, sachant pertinemment que les forces de l’ordre allaient l’intercepter.
« J’ai tout de suite compris que j’allais avoir des ennuis, » raconte-t-il, le regard sombre. « Pourtant, je n’avais rien fait de mal, je roulais tranquillement et je ne portais pas mon casque comme d’habitude. » Lorsque l’agent de police s’approche de lui, Julien lui explique posément qu’il est propriétaire de sa moto depuis 2020 et qu’il n’est donc pas concerné par l’obligation du port du casque entrée en vigueur en janvier 2025.
Mais le policier n’a rien voulu entendre. « Il m’a dressé une amende de trois mille (3000) FCFA pour non-respect de cette nouvelle réglementation », poursuit Julien, visiblement encore choqué par la scène. « Malgré mes protestations, il n’a pas voulu faire preuve de discernement. »
Déçu et frustré, le jeune n’a finalement pas eu d’autre choix que de s’acquitter de l’amende sur place. « C’est complètement abusif, » lâche-t-il, les poings serrés. « Je suis propriétaire de ma moto depuis 2020, je ne devrais pas être sanctionné pour ça ! »
Des témoignages qui se multiplient
Malheureusement, le cas de Julien n’est pas isolé. Notre enquête a permis de recueillir d’autres témoignages de motards verbalisés alors que leurs véhicules ne sont pas concernés par la nouvelle obligation du port du casque.
C’est le cas de Nathalie (Nom d’emprunt), 42 ans, qui possède une moto de 2019. « J’ai été arrêtée aujourd’hui aussi aux environs de midi, sur la RN4″, raconte-t-elle, encore remontée. « Le policier m’a dressé une amende de trois mille (3000)pour non-port du casque, alors que ma moto a plus de 3 ans ! »
Comme Julien, Nathalie a tenté d’expliquer au fonctionnaire que sa moto n’était pas soumise à l’obligation, mais en vain. « Il n’a rien voulu entendre, il m’a juste dit que je devais payer l’amende sur place. C’est complètement abusif ! »
Un autre motard, Sébastien (Nom d’emprunt), 28 ans, a également contacté notre rédaction pour faire part de son mécontentement. Propriétaire d’une moto de 2020, il a lui aussi été verbalisé récemment sur la RN4, aux alentours de midi.
« Je suis vraiment déçu et frustré », témoigne-t-il. « J’ai toujours respecté les règles de sécurité routière, et voilà qu’on me sanctionne alors que ma moto n’est pas concernée par cette nouvelle obligation ! »
Ces différents témoignages montrent que les forces de l’ordre semblent avoir une interprétation trop large de la réglementation, en verbalisant des conducteurs dont les véhicules sont antérieurs au 1er janvier 2024.
Une communication défaillante des autorités
Face à ces situations jugées abusives, les motards pointent du doigt le manque de communication des autorités sur cette nouvelle obligation du port du casque.
« Le texte est pourtant clair, mais on dirait que les forces de l’ordre ne l’ont pas bien compris, regrette Nathalie. Il faudrait une campagne d’information massive pour que tout le monde soit au courant des nouvelles règles. »
En effet, selon le communiqué officiel du Ministère de la Sécurité, seules les motos achetées à partir du 1er janvier 2024 sont concernées par cette obligation. Les propriétaires de motos plus anciennes ne sont pas soumis à ces contrôles, mais sont simplement « invités à porter un casque pour leur sécurité ».
Pourtant, les témoignages recueillis montrent que certains motards ont été verbalisés alors même que leurs véhicules ne sont pas concernés par la nouvelle réglementation.
« C’est une mesure qui a pour but de protéger les motards, mais si elle est mal appliquée, elle risque au contraire de les pénaliser« , déplore Julien. « J’espère que les autorités vont rapidement clarifier la situation et s’assurer que seuls les conducteurs concernés soient verbalisés. »
Une mesure de sécurité détournée
Au-delà de l’aspect légal, cette application trop de la nouvelle réglementation soulève des questions sur les véritables intentions de certains membres des forces de l’ordre.
« On a l’impression que c’est surtout un moyen de faire des amendes« , regrette Nathalie. « Alors que cette mesure devrait avant tout viser à améliorer la sécurité des usagers de la route. »
Les usagers de la route attendent avec impatience des réponses claires et transparentes sur l’application de cette nouvelle obligation du port du casque. Ils espèrent que les autorités feront preuve de davantage de discernement à l’avenir, afin de ne pas détourner une mesure de sécurité en un simple prétexte pour faire des amendes.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info