MESSAGE D’UN CARDINAL MALADE DU CORONAVIRUS À SES DIOCÉSAINS, À SES AMIS CHRÉTIENS ET NON CHRÉTIENS
Frères et sœurs bien-aimés, dans la matinée du lundi 30 Mars 2020, je recevais de la part des médecins le résultat positif de mon test effectué 48 heures auparavant. Je rejoignais ainsi la foule innombrable de malades confinés de par le monde entier pour des soins. Cela n’arrive pas qu’aux autres !
(Bienheureux Charles de FOUCAULD)
Je voudrais tout d’abord remercier mes plus proches collaborateurs de l’Archevêché, mon Presbyterium, les Evêques de la Conférence Episcopale Burkina/Niger, la Nonciature, les Religieux et Religieuses et tous mes diocésains pour leur sollicitude combien effective et affective à mon endroit. Ensuite, c’est au corps médical étatique et privé qui, avec abnégation et professionnalisme, a pris soin de ma personne, que j ‘ exprime ma profonde gratitude.
Une foule immense proche ou lointaine, de fidèles, de parents, d’amis et connaissances (catholiques, musulmans, protestants et adeptes de la religion traditionnelle, autorités coutumières, politiques et administratives) s’est manifesté à mon endroit : qui par un coup de téléphone, qui par des messages, certains par le fait de proposer des remèdes pour mon mal, d’autres par l’organisation de neuvaines de prières à mon intention, etc. Face à toutes ces expressions de solidarité et de compassion, je ne puis que
m’exclamer : qui suis-je pour mériter une si grande et une si aimable attention tant physique, matérielle que spirituelle ? Merci à tout un chacun et daigne le Seigneur nous garder toujours unis les uns aux autres à l’occasion de tels rendez-vous de la vie !
Notre Seigneur Jésus Christ a offert sa vie sur la Croix pour la Rédemption du monde : avec Lui et à sa suite, j’offre volontiers ce temps d’épreuve et surtout ma prière quotidienne :
- Pour toute personne malade du Covid-19 ou affectée par d’autres maux ;
- Pour l’arrêt de toutes les tueries d’innocents perpétrées par les forces du mal •
- Pour la réconciliation, la justice et la paix au Burkina Faso.
Par ailleurs, je me sens un privilégié bénéficiant de bons soins. Aussi, voudrais-je, du fond de mon cœur de pasteur, lancer un grand cri en faveur d’un profond élan de solidarité tant au niveau local que sur le plan régional et international pour les malades du Covid-19. Il y a un impérieux besoin de moyens adéquats pour sauver ces nombreuses vies humaines touchées ! « Un seul doigt ne ramasse pas la farine » nous enseigne la sagesse africaine. Unissons-nous donc pour bouter hors de notre pays et du monde ce fléau redoutable aux conséquences fâcheuses.
La situation due à la pandémie du Covid-19 engendre des conséquences multiformes sur les plans sanitaires, socioéconomiques, culturels et spirituels et cela pour tous. Alors, disciples du Christ, réitérons l’acte de confiance de l’apôtre Pierre à son endroit : « Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie Eternelle ! » (Jn 6, 68).
Frères et soeurs, le temps du Carême marqué par une telle situation de pandémie devient pour tous un temps d’humilité, de confiance totale et d’abandon à l’endroit de notre Maître qui jamais n’abandonne l’homme. Avec Lui, nous aboutirons à la victoire ! Puisqu’Il est mort et Il est ressuscité et toujours vivant, Alléluia ! Demeurons constamment dans une humble et fervente prière !
A tous et à toutes, je souhaite de bonnes et saintes fêtes pascales.
Fait à Ouagadougou, le 5 avril 2020.
+ Philippe Cardinal OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou