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Le 1er Mai, une histoire de fête, de luttes et de violences

Fête du travail: La Fête du travail connaît régulièrement des débordements. Il n’en a pas toujours été ainsi. Retour sur une histoire tourmentée à l’heure où le Burkina craint le pire.

À Ouagadougou, on craint un 1er Mai qui changera la vie des travailleurs. En lieu et place d’une marche, la bourse du travail a décidé d’une journée de réflexion. Réceptacle des contestations sociales, le défilé de la Fête du travail perd bien souvent ses habits de célébration pour se changer en catalyseur de toutes les colères, avec son lot de débordements violents.

Pour de nombreux syndicalistes, le début des dérapages est à trouver dans les années 70, dans le climat de contestation, de la guerre froide et du conflit au Vietnam. Le 1er Mai devient ainsi la journée où toutes les colères s’agrègent, souvent au détriment de la coloration syndicale du mouvement, devenant cacophonique et explosif.

Paroxysme de cette dérive, la présence de plus en plus régulière de seuls groupes de casseurs, défilant sans autre but que celui de semer le trouble et d’affronter les forces de l’ordre. Avant cela, se souviennent les plus fervents manifestants, on marchait en ordre bien rangé pour faire entendre ses revendications, dans le calme.

Origine dans le sang

Mais c’est oublier que la violence a presque toujours été une composante de la Fête du travail. Fruit des luttes ouvrières pour obtenir une journée de travail de huit heures, sa naissance se fait dans le sang. C’était en 1886, aux États-Unis. Syndicats et anarchistes choisissent la date du 1er mai, coïncidant avec le début de l’année comptable et le terme de nombreux contrats, pour décréter une grève générale: 340’000 ouvriers suivent le mouvement.

Deux jours plus tard, à Chicago, une bombe explose devant les policiers. Sept sont tués dans les affrontements qui suivent. Cinq syndicalistes seront condamnés à mort, mais les policiers sont accusés d’avoir organisé l’attentat. Juste avant d’être pendu, l’un des condamnés, August Spies, aura ces mots devenus célèbres: «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui.» Trois ans plus tard, à Paris, le congrès de la IIe Internationale socialiste décide en leur mémoire de faire du 1er mai un jour de lutte syndicale à travers le monde.

Jour férié dès le milieu du XXe siècle

La violence ne quittera jamais vraiment le mouvement jusqu’au début du XXe siècle, et nombreux sont les récits de fusillades. Ce n’est qu’en 1907 que les militants français cessent d’épingler l’églantine écarlate au profit du muguet, tournant la page de la commémoration du sang versé.

Dans la foulée des acquis sociaux obtenus dans les années 30 puis sous l’effet de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement s’essouffle légèrement. Après la guerre, plusieurs pays à travers le monde font officiellement du 1er mai un jour férié. Mais, pour trancher avec l’idée de lutte de classes, plusieurs pays adoptent la terminologie de Fête du travail, aux dépens de Fête des travailleurs.

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