KOMPIENGA: La rentrée des classes a belle et bien eu lieu!
Dans cet interview accordé à Gulmu.Info et aux Echos de l’Est, le Haut-Commissaire de la province de KOMPIENGA, revient entre autres sur plusieurs questions. De l’éducation à l’économie en passant par l’état des voies dans la province, Monsieur MEDA Toussaint a bien voulu répondre à nos questions.
Gulmu.Info : Comment devons-nous vous présenter à nos lecteurs :
HC : Je suis MEDA Toussaint, Haut-commissaire de la province de la Kompienga
G.I : C’est la rentrée des classes sur le territoire national. Pouvez-vous nous faire un état des lieux dans votre province ?
H.C : Merci pour cette approche. Bien avant cette rentrée, il y’a eu la rentré pédagogique. De même, une formation initialement prévue pendant les vacances a été donnée aux enseignants. Pour dire que la rentrée scolaire dans notre province est effective. Malgré l’insécurité, les enseignants ont été affectés. Pour cette année, instruction a été donnée depuis le ministère de regarder un peu les écoles où on avait des difficultés à causes du terrorisme, et de redéployer les enseignants dans d’autres écoles. Ce processus également a été entamé et je pense que chaque enseignant connait aujourd’hui là où il doit servir.
G.I : En termes d’infrastructure d’accueil, a-t-on pu récupérer quelques infrastructures pour cette année scolaire ?
H.C : Pour l’heure, nous sommes en train de faire un état des lieux pour connaître les infrastructures qui ont subi des dommages. A l’issue de cet état des lieux, au niveau national et régional, il y’aura un accompagnement pour voir ce qui peut être fait. Mais à côté de cela, il faut noter que nous ne restons pas les bras croisés, puisque déjà nous constatons un appui sécuritaire pour assainir les zones qui ont été victimes d’attaques ennemis. C’est pour dire que l’un dans l’autre, mon souhait est de voir que ces zones-là puissent pouvoir accueillir des élèves, peut-être pas immédiatement cette année mais dès les rentrées prochaines. Certains élèves de ces zones ont déjà été pris en charge dans d’autres écoles. Mais reconnaissons que nos directeurs provinciaux ont vraiment des difficultés pour entamer cette année scolaire.
G.I : Nous avons constaté qu’il y’a beaucoup de déplacés dans cette zone, ce qui occasionne des effectifs pléthoriques. Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour répondre à cette problématique.
H.C : En termes de statistiques, le directeur provincial pourra vous mieux vous éclairer. Mais déjà j’entends déjà des bruits autours de cette question dans la province. Mais il faut qu’on accepte une certaine réalité. Aujourd’hui face à la situation que nous vivons, il faut que chacun mette un peu d’eau dans son vin. Il est vrai qu’il y’a des normes qui sont établies, mais l’effort qui est demandé n’est pas seulement aux autres. C’est à nous tous. Chacun doit accompagner le processus de telle sorte que lorsqu’on aura la sérénité dans la province, on reparte sur les normes. Il faudra qu’on baisse la tension et qu’on se comprenne. Nous sommes dans une situation exceptionnelle. On la prend telle qu’elle s’offre à nous, et on essaie de voir dans la suite, ce qui peut nous permettre de rentrer dans la normalité. C’est un souci qui doit être partagé par l’ensemble des acteurs. Il ne faut pas d’ores et déjà faire une barrière aux nombre pléthorique des élèves dans les classes car cet enfant qui vient n’a pas demandé pour être dans cette situation. Il faut donc faire ce minimum d’effort pour aider nos enfants à acquérir le savoir. J’interpelle vraiment le monde éducatif et les partenaires sociaux afin qu’on puisse se comprendre sur ces points-là. Il ne faut pas laisser un enfant en marge car l’éducation est un droit pour tous les enfants.
G.I : On ne peut voir interroger sans aborder les questions économiques. Dans quelles secteurs, on ressent le plus l’impact négatif de la situation sécuritaire.
H.C : Le secteur de la chasse et de la faune était un secteur très florissant dans la province de la Kompienga. Les concessionnaires de chasse peuvent vous en dire mieux. Par ricochet, tous ceux qui vivaient de cette activité sont profondément éprouvés. Dans une certaine mesure également la pèche, et vous savez que nous avons un grand barrage. Ce barrage est connu même à l’international mais avec cette situation, la fluidité du poisson n’est plus comme elle l’était. Au regard de tous ce que nous avons comme tension, le commerce de façon général est touché. Le commerce se fait grâce au flux entre population et si nos commerçants n’arrivent plus à accéder dans certaines zones ou ne peuvent plus revenir de certaines zones avec les marchandises, il faut reconnaître que les chiffres d’affaires seront impactés négativement. Mais nous fondons l’espoir qu’avec la volonté et la participation de tous, nous parviendrons à éradiquer ce fléau. Je salue au passage, la détermination des commerçants de la province, qui malgré l’insécurité, arrive à approvisionner les boutiques pour le bonheur de tous.
G.I : Notre dernière préoccupation est l’Etat de la route pour joindre Pama. Ailleurs, des travaux d’entretiens sont en cours. Mais malheureusement, dans votre province, le constat est tout autre. Quelles sont les perspectives pour rendre plus praticable ce tronçon.
H.C: Je pense que nous avons à peu près 45 à 50 Km impraticables pour rejoindre Pama. Quand vous faites les 60 Km jusqu’à Natiaboani, ça va, mais après Natiaboani, le tronçon est très dégradé. En terme de perspectives, nous sommes toujours là-dessus, parce-que la difficulté majeure est de trouver du personnel pour accompagner l’entrepreneur. Un entrepreneur avait été choisi pour faire le travail, mais au regard des menaces qu’il a subit, il a dû suspendre. Des scénarii ont été proposés à cet entrepreneur mais malheureusement, la peur fait que personne ne veut s’aventurer dans cette zone. Mais le ministère nous a rassurés dans son plan global la réfection de la voie. Mais pour parer au plus urgent il nous faut trouver des mécanismes et des moyens pour pouvoir aider à fluidifier la circulation en attendant que les gros moyens viennent.
G.I : Un dernier mot
H.C: C’est surtout souhaité que nous travaillions tous à avoir la paix. Aujourd’hui la Kompienga, de l’extérieur est sous les feux de la rampe. Elle est très éprouvée depuis plus d’une année. Ce n’est pas facile pour l’ensemble de toute la société. Il faut que pour l’ensemble des acteurs, les fonctionnaires, les paysans, les commerçants, chacun fasse de son mieux pour apporter sa pierre à la cohésion de la société. Je souhaite qu’ensemble nous soyons des acteurs pour éradiquer le fléau dans notre pays.
Propos receuillis par Van Marcel OUOBA pour Gulmu Info
Et Bolouvi Guy Michel, pour les Echos de l’Est