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Journée Nationale de l’Arbre : « l’arbre c’est la vie » Romuald NIKIEMA,

En cette période cruciale où la question environnementale occupe une place prépondérante dans l’agenda mondial, la 6ème Journée Nationale de l’Arbre a été l’occasion idéale pour sensibiliser la population à l’urgence de la plantation des arbres. Dans le cadre d’une interview exclusive, le Directeur Régional de l’Environnement de la région de l’Est nous livre les avantages de planter et d’entretenir les arbres. 

Veuillez vous présenter à nos lecteurs 

Je suis Romuald NIKIEMA, lieutenant-colonel des eaux et forêts, par ailleurs Directeur Régional de l’environnement de l’Est. 

Le Burkina Faso, à l’instar de biens de pays, a une journée dédiée à l’arbre. En cette 6ème édition, quelles sont les activités que vous avez menées et que représente cette journée pour nos populations ?

Le 22 juin dernier, c’était la Journée Nationale de l’Arbre et cette journée a été initiée par les plus hautes autorités du pays pour insuffler un nouveau souffle dans le processus de reboisement. On sait tous que chaque année, on fait des plantations, mais on a constaté que l’entretien pose problème. Et cela entraîne des taux de réussite très faibles. Donc, l’idée c’est de faire prendre conscience aux populations et que chaque plant qu’on va mettre sous terre, qu’on se rassure de son entretien. Et c’est ça qui a conduit à la création de cette journée.

Au niveau de notre région, cette année, la journée a été célébrée comme dans toutes les régions le 22 juin. Et nous avons choisi, bien sûr, avec l’autorité, avec le gouverneur en tête, un site privé pour encourager la personne pour ce qu’il fait. Parce qu’il accueille des PDI, de la Kompienga et de la Tapoa, au sein de son site et leur donne des portions de terre pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins.

Donc, l’idée c’était d’encourager le promoteur, vu qu’il réuni toutes les conditions. Parce que pour qu’un arbre puisse grandir, il faut le protéger et l’entretenir en arrosant assez régulièrement. Lors de cette journée, on a planté au minimum 200 arbres sur son site. Au total, c’est 10 000 plants qui ont été prévu pour la journée de l’arbre. Ayant utilisé les 200, le reste a été remis aux associations et aux privés. Mais tout ça, comme je l’ai dit, on se rassure que la personne a une protection pour les plantes et qu’elle peut entretenir pour que ça puisse prendre. 

Quels sont les types d’arbres qui seront mis sous terre au cours de cette journée et durant la campagne ?

Pour cette campagne 2024, l’accent est mis sur les espèces locales qui ont un fort potentiel de produits forestiers non ligneux, telles que le baobab, le néré, le karité et le bombax (capokier). L’idée, c’est de promouvoir d’abord les espèces locales, après, on n’est pas interdit d’ajouter quelques espèces fruitières, comme les manguiers et les autres.

Monsieur le Directeur régional, quels sont les défis et les opportunités de ce reboisement pour la région de l’est ?

Pour la disponibilité des plants, c’est un acquis, car nos partenaires nous accompagnent avec des plants chaque année. De plus, on a assez de pépiniéristes dans la région, surtout à Fada, qui produisent assez de plants. Nous ne manquons pas de plants, mais pour être bénéficiaire on s’assure d’abord que la personne a les moyens pour l’entretien des arbres avant de donner des plants. 

La journée nationale de l’arbre est portée par les plus hautes autorités de notre pays. Quels impacts cela a-t-il pour la région de l’est ?

L’objectif de cette journée est de faire prendre conscience aux populations, l’importance de planter et d’entretenir un arbre. Et je pense que ce cap-là, on l’a franchi. Les gens de la région de l’Est sont conscients de l’importance de planter des arbres. La preuve en est que beaucoup de gens viennent nous faire des demandes. Et quand on part voir leurs sites, on sent vraiment que même sans appui, les gens s’investissent déjà. Parce qu’ils ont compris que c’est vraiment important pour eux d’abord de planter et d’entretenir parce qu’ils en bénéficieront. Donc, ça, c’est déjà un aspect qui est capital.

Au regard de l’engouement pour cette journée et le constat fait dans les différents sites, nous pouvons conclure que la population a pris conscience de l’importance de planter et d’entretenir des arbres. Ainsi, nous pouvons dire que notre objectif est presque atteint et il nous reste juste à accompagner toutes ces personnes qui hésitent toujours à planter les arbres et pour cela, nous mettrons l’accent sur la communication. 

Parlant justement de communication, quels sont vos stratégies mise en place pour que vos messages et vos activités soient biens suivis ?

C’est vrai que la communication, pour l’instant, se limite à la campagne de reforestation, à travers des émissions sur des plateaux de télévision ou des émissions radiophonique pendant la campagne. Et l’objectif recherché c’est d’établir un plan de communication avant, pendant et après la reforestation. 

Selon vous, quels impacts ces campagnes peuvent-elles avoir sur les pratiques environnementales dans notre région ?

On est tous conscients que notre couverture forestière est en train de diminuer. La preuve en est que la région de l’Est a deux visages. Vous avez du côté de la Gnagna et de la Komandjari qui ont presque perdu tout leur couvert végétal, contrairement à l’autre côté. Voilà, c’est une évolution qui se passe et il faut que les gens prennent conscience que Pama, aujourd’hui qui est un peu vert, peut devenir comme le Sahel si on n’y prend pas garde. Donc, c’est ça le vrai problème. 

Au regard de ces campagnes et des bonnes pratiques environnementales observées ci et là, est-ce que vous êtes satisfait et est-ce qu’il y a de l’espoir pour la région ?

Nous, ce qu’on veut, c’est que les gens puissent prendre conscience de ça. Et ça, beaucoup de gens l’ont déjà compris. Et c’est pour ça qu’on voit maintenant des propriétés privées que vous voyez un peu partout, où des gens plantent très bien à l’intérieur parce qu’ils sont conscients que nous, nous avons le droit d’oeuvrer à ce que la nature puisse se restaurer pour ne pas devenir comme une région sahélienne. C’est vraiment des actions à encourager. 

Lieutenant colonel Romuald Nikiema, quels messages avez-vous à l’endroit des populations de la région de l’est ?

Ce que je peux dire, c’est d’interpeller tout un chacun à prendre conscience, prendre conscience de ce qu’est en train de devenir notre nature, notre environnement. Nous ne sommes pas trop vieux, mais on sait que lorsque nous étions encore des enfants, ce n’était pas ainsi, c’était mieux que ça. Donc on se dit que si on n’y prend garde, d’ici 10-20 ans, ça va être pire que ce qu’on voit actuellement.

Tout le monde a vécu la chaleur de cette année, c’est naturellement dû à nos arbres, parce que si vous n’avez plus d’arbres, c’est normal qu’il fasse plus chaud. Donc le lien est vraiment étroit et tout le monde est conscient de ça. Donc pour éviter que dans 10-20 ans, nos enfants, nos petits-enfants ne souffrent de cette chaleur qui nous est dommageable chaque année, nous avons intérêt à planter, à entretenir nos arbres, et à avoir de la verdure dans nos maisons, dans nos lieux de travail, et partout afin de pouvoir renverser la tendance.

Et il faut noter aussi que les arbres nous offrent beaucoup, en dehors de ce qu’on peut parler comme changement climatique, les arbres nous offrent beaucoup d’avantages à savoir pour notre alimentation, pour notre santé et pour tout ce que nous consommons car d’une manière ou d’une autre, ça vient des arbres. Donc c’est notre alimentation qui est en jeu, et nous avons intérêt à entretenir cela.

Propos recueillis par

Amadou Soumana JOORO & Issa THIOMBIANO

Gulmu.info

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