« Il faut sauver la Lotérie Nationale Burkinabè »selon Ablassé OUEDRAOGO
Dans cette lettre ouverte, Le Dr Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, propose des solutions au président Roch Marc Christian KABORE afin de “sauver” la Loterie nationale burkinabè (LONAB).
Excellence Monsieur le Président du Faso
Nous voudrions nous référer à notre lettre ouverte qui vous a été adressée le 26 décembre 2018, par laquelle nous attirions votre très haute attention sur la mal gouvernance en cours à la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) en vous proposant des corrections et des mesures à prendre pour sauver l’entreprise et appliquer l’équité et la justice pour tous les Burkinabè dans son organisation et son fonctionnement.
N’ayant pas été entendus jusqu’à ce jour et comme la LONAB est notre bien commun, nous nous permettons de vous réitérer les mesures et corrections pertinentes à apporter sans délai dans la gouvernance de ladite entreprise. D’ailleurs ne dit-on pas que « la répétition est pédagogique » ? Et nous avons besoin d’être entendus et compris sur ce qui suit afin d’arrêter « le pillage à ciel ouvert » des ressources financières de cette entreprise stratégique pour le développement économique et social de notre pays:
- Suspendre le Conseil d’Administration de la LONAB ;
- Mettre en lieu et place de la Direction de la LONAB, un Comité provisoire de gestion ;
- Faire un audit indépendant de la LONAB ;
- Rapporter la décision de changer la charte graphique avec la Calebasse et conserver le Canari d’origine, image de bonheur et de succès ;
- Rouvrir les clubs PMUB fermés arbitrairement à travers le territoire national malgré les injonctions du gouvernement et de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE/LC).
Pour vous en convaincre, en plus de la présentation des faits avérés qui a été faite sur la LONAB dans notre lettre du 26 décembre 2018, nous voudrions, en outre, apporter à votre très haute attention, ce qui suit, :
Le rapport 2017 de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) qui vous été remis le 4 janvier 2019 révèle des irrégularités et des malversations qui sont intervenues dans l’acquisition de terminaux de prises de paris depuis 2015 pour un montant de près de deux milliards (2.000.000.000 Fcfa) sans aucun contrat et en ne respectant pas les dispositions du manuel de procédures et de réglementation sur les achats publics.
Ce qui clairement a dû permettre le favoritisme dans la sélection du fournisseur, CM3, et la surfacturation probable des prestations de ce dernier dont les fruits ont été certainement rétrocédés aux acteurs de l’opération dont les comptes bancaires ont subitement grossi sans justifications. D’ailleurs, les machines commandées ont été livrées non pas à l’entreprise LONAB mais au
nom d’un agent de la LONAB dont le compte privé a servi pour le transit des paiements des factures.
L’ASCE/LC recommande à la Direction de la LONAB de formaliser dans les meilleurs délais l’acquisition des terminaux par un contrat à ordre de commande, ou le cas échéant, de reprendre entièrement la procédure d’achat de l’équipement.
Le même rapport souligne aussi que des Clubs PMUB régulièrement autorisés à exercer leurs activités ont aussi été fermés d’autorité depuis juin 2016 du fait de conflits d’intérêts, de favoritisme et de concurrence déloyale avérés entre certains agents de la LONAB, eux-mêmes tenanciers de Clubs, et des promoteurs réguliers de Clubs.
A cet effet, rappelons ce que dit l’article 94 des Statuts du Personnel de la LONAB : « l’agent doit toute son activité professionnelle à l’entreprise. Il lui est interdit d’exercer une autre activité susceptible de concurrencer ou de nuire à celle de la Loterie Nationale. L’agent encourt une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement s’il est démontré qu’il a favorisé une entreprise où il possède des intérêts au détriment de la Loterie Nationale ». Et pourtant sur le terrain, un certain nombre d’agents, indélicats et pas des moindres dans la hiérarchie des responsabilités au sein de l’entreprise, disposent de Clubs PMUB ouverts en leurs noms ou au nom de leurs proches. D’ailleurs, il est à noter que même dans les dernières autorisations d’ouverture de kiosques, données par tirage au sort devant huissiers, des membres du personnel ont été attributaires dans les localités de Zagtouli, Fada et Koudougou, entre autres.
Soulignons que les anciens gérants de Clubs PMUB, membres du personnel de la LONAB ou non, ont obtenu l’autorisation pour l’ouverture et la gestion de leurs Clubs dans les mêmes conditions que celles de 2015 et 2016 et au plan strictement du droit, l’on ne peut décider de fermer certains Clubs en établissant de nouvelles conditions à cette fin et en même temps continuer d’ouvrir de nouveaux Clubs.
Pour réparer l’injustice commise et insupportable, l’ASCE/LC a exigé la réouverture sans délai des nouveaux Clubs régulièrement ouverts conformément au cahier des charges de la LONAB et fermés en juin 2016.
Pour apporter plus de transparence dans la gestion des finances de la LONAB, l’ASCE/LC recommande que le Directeur général mette à contribution les Commissaires aux Comptes en exigeant d’eux toutes les prestations liées à leurs attributions. Dans la même optique, l’ASCE/LC demande que le Directeur Général veille au respect strict du manuel de procédures en vigueur et le cas échéant, qu’il procède à sa relecture.
Le plus ahurissant dans le rapport en votre possession, est le constat que la LONAB ne dispose pas de délibérations de son Conseil d’Administration définissant les seuils de pouvoirs d’approbation des marchés pour le Directeur Général, le Président du Conseil d’Administration et le Conseil d’Administration conformément au décret de 2008. D’où la recommandation de l’ASCE/LC à la direction générale de la LONAB d’élaborer et de faire adopter sans délai par le Conseil d’Administration d’une délibération fixant les seuils de pouvoirs des différentes instances de la LONAB afin de limiter les abus et le désordre actuellement observés.
Et comme résultats des courses de toutes ces gabegies, les Commissaires au Compte pourraient, en professionnels consciencieux, ne pas certifier, ou certifier avec des réserves, les Comptes de la LONAB de l’année 2018. Ceci indique à suffisance que la gestion de la LONAB revêt des manquements sérieux et importants.C’est même une grande urgence. En effet, il est donné de constater, que le Président du Conseil d’Administration et le Directeur général de la LONAB, « les arroseurs de la République » signent des conventions d’assistance et d’appui souvent arrangés avec des responsables de structures et même d’Institutions de premier rang pour obtenir leurs accompagnements et leur silence complice dans certains actes délictueux.
Le Burkina Faso étant une savane où tout se sait ou finit par se savoir, un certain nombre de scandales finiront par éclater et éclabousser nombre de responsables de haut de niveau, et l’ampleur des scandales fera tomber indubitablement la République.
D’ailleurs, il est de notoriété publique que le Directeur général avec qui vous avez des relations familiales et affectueuses est un des hommes forts du régime. Nommé le 3 mai 2017 à la tête de la LONAB, il a dépassé largement les 60 ans pour faire valoir ses droits à la retraite, depuis le 28 février 2019.
Le Directeur général, Monsieur Simon Touwendé TARNAGDA, se targue de dire à qui veut l’entendre et il l’a répété le 6 février 2018 aux promoteurs de Clubs PMU’B pour lesquels il s’est investi à faire fermer autoritairement et sans raisons objectives et je le cite : « Même Roch qui m’a nommé ne peut pas m’obliger à vous recevoir et me contraindre à ouvrir les kiosques» et d’ajouter «Même si tu veux, il faut aller chez Roch, il n’y aura rien ».
Ainsi, la LONAB est une République dans la République et votre autorité est atteinte.
Répétons à nouveau le mathématicien Albert EINSTEIN : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». Cette citation s’applique bien à vous et au Burkina Faso.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’assurance de notre très haute et respectueuse considération.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso.
« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Le Président
Dr Ablassé OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre National