Gulmu: De la nomination d’un Chef en pays Gulmanceba
En pays Gulmanceba, on croit superstitieusement que le bonheur, la prospérité, la paix et l’absence d’épidémies et/ou de calamités dans un village, dans une dynastie, un royaume dépendront en grande partie de la « baraka » du chef de cette localité. C’est pourquoi, une grande attention est toujours accordée pour la désignation du chef de village, du roi chez les Gulmancebas. Ceci est un récit de Rodrigue Pougda Gnoula.
D’une façon générale, tout prince ayant les valeurs, vertus et répondant aux critères de noblesse peut prétendre à la chefferie. On les appelle ‘’ O balijoa’’, bi badijaba’’. Il faut noter que les Badijabas sont parfois connus discrètement ou visiblement bien avant la disparition du chef en exercice. Parce qu’un vrai et bon Badijoa doit accomplir ses devoirs et voué respect et considération au Chef.
Pour le choix des candidats à la chefferie, on se réfère à un collège de Notables, pour retenir la liste des candidats admis à concourir. On fera des consultations de géomancie afin de déterminer le degré de chance de chaque candidat pour savoir ceux dont la nomination portera plus de bonheur et de prospérité à la population. Tout prétendant à cette chefferie devra être de bonne santé physique et mentale au moment de cette élection : sont d’office écartés de la compétition, les borgnes, les handicapés moteurs, et aussi ceux ayant une quelconque amputation de membres ( par exemple, un doigt ou un orteil amputé), au moment de cette candidature.
A la période de nomination d’un nouveau chef, beaucoup d’intrigues se passent. Des candidats essayeront d’influencer de membres influents du collège électoral en leur donnant des présents, du bétail, de l’argent, etc. D’autres auront recours à leur pouvoir mystique pour éliminer leurs concurrents plus crédibles. Et s’ils ne peuvent pas l’atteindre, ils tenteront de porter du malheur à sa famille, à son entourage, à ses proches. Pour se mettre hors de portée de la puissance mystique des candidats potentiels, beaucoup de princes, très méfiants, préféreraient se réfugier dans le village de eux mère où ils sentiraient plus en sécurité. En société Gulmance, le destin de l’homme est lié à la destinée de sa mère ( o na yenmiali). Parce que toute femme fait des vœux pieux pour sa progéniture, et ces vœux s’accompliront si sa progéniture accepte remplir les devoirs y relatifs, c’est-à-dire en allant régulièrement offrir des offrandes de sacrifice au fétiche de sa mère appelée ‘’ O na yenmia jiinli’’. C’est dire donc que se réfugier dans le village maternel de sa mère, est bien protecteur et porter-bonheur. D’autres par contre, iront se cacher dans des contrées lointaines, par exemple, en pays Bariba au Nord-Bénin, pour se ‘’ blinder’’ en wack de protection mystique, apanage de ces populations selon la croyance populaire Gulmance. D’autres encore, accueilleront de balets de géomanciens, marabout et féticheurs à leur domicile pendant plusieurs semaines voire des mois pour préparer sa chance et dans le même temps, ‘’attacher’’ celle des rivaux. C’est pourquoi, cette période est réputée délicate, car elle peut faire des victimes collatérales. Par exemple, une mine mystique déposée sur le chemin emprunté par un rival peut atteindre une autre personne, si le rival ciblé a su l’éviter.
Après d’intenses préparations de tout genre et surtout mystiques, les candidats retenus se présenteront le jour J pour le choix final. Le candidat ayant retenu la majorité des voix des votants est retenu. L’élu comme futur chef, sera soumis à des cérémonies coutumières avec obligation de résider dans la case retraite ( case des fétiches) pendant une durée déterminée. A l’issue de cette cérémonie, il sera intronisé Chef ou roi.
Pris sur la page facebook de Rodrigue Pougda Gnoula