Gourma: Qui a fait brûler les cases à SOAM?
Le mois de septembre est la période de fin de soudure. Mais les agriculteurs du village de SOAM (commune de Matiakoali), ne connaîtront pas cette fin. La mairie de Fada a décidé autrement. Les récoltes serviront à nourrir les animaux. Les animaux ont pris leurs quartiers dans les champs. Après Potiamanga, c’est maintenant le tour de SOAM.
Le maire de Fada veut réussir là où ses devanciers ont échoué.
La mairie est plus que décidée. Si les devanciers à la mairie de Fada TANDAMBA et KOCTY n’y sont pas parvenus, le maire LOARI est plus que décidé. Il va en finir avec cette question de zone pastorale.
Après un coup d’essai à Potiamanga, c’est au tour de SOAM de connaître la colère de la mairie. Le 04 Septembre 2019, les éleveurs accompagnés de la police municipale ont surpris les agriculteurs du village de SOAM. Menacés, poursuivis et bastonnés, ces pauvres agriculteurs n’avaient autre choix que d’abandonner les lieux. Une visite sur le terrain ce 18 septembre 2019, a permis de faire un triste constat.
Le déguerpissement a fait un bilan désastreux!
Domiciles incendiés, champs saccagés, animaux volés, biens pillés, à cette liste s’ajoutent les populations violentées et la crise sociale. Sans sommation ni avertissement, ces agriculteurs ne pourront pas récolter. Le maïs et les autres céréales serviront pour nourrir le bétail. Le sésame en pleine floraison ne sera pas épargné. Malgré qu’il ne soit pas comestible, les bergers ont décidé de saccager les vastes champs.
La version de Labidiero, chef de SOAM.
Interrogé, le chef du village affirme n’avoir pas été informé de cette opération. « J’ai été informé par mes administrés d’une attaque. Vérifiant l’information, j’ai constaté que c’était les forces de l’ordre et de sécurité. Ils sont arrivés par surprise. Ils ont pointé les armes sur les populations avant d’autoriser les éleveurs à faire entrer les bœufs dans les champs. Ces éleveurs ont profiter de cette occasion pour saccager les domiciles et brûler les concessions. Incapable de se défendre, j’ai demandé aux populations de quitter la zone en attendant de trouver une solution rapide au problème. Dépêchant des émissaires à Fada pour rencontrer les maires de Fada et de Matiakoali, ils sont revenus sans nouvelles.
Les deux maires étaient absents. Les populations ont donc demandé la permission pour retourner dans les champs et récupérer ce qui peut l’être. Comme vous pouvez le constater, c’est la période des récoltes. Aucun agriculteur, après quatre longs mois de dur labeur ne peut accepter qu’on vienne lui voler sa récolte sans réagir. Je leur ai autorisé. Malheureusement, les éleveurs sont organisés en bande armée et attendent les gens dans la bourse pour les attaquer.
Après plusieurs tentatives, nous nous sommes résignés à abandonner les tentatives. Depuis lors, nous utilisons toutes les pistes de solutions qui s’offrent à nous. Nous avons même contacté et demandé l’aide du MBDHP. Pour l’instant, nous supplions les autorités qui sont à la base de cette opération de stopper l’avancée du bétail dans nos champs afin qu’on puisse récolter. »
La zone est-elle pastorale?
A la question de savoir s’il était informé d’une délimitation d’une zone pastorale, il a répondu par la négatif. La seule chose dont il se rappelle est la délimitation de la frontière entre la commune de Fada N’Gourma et celle de Matiakoali. Se réclamant de la commune de Matiakoali, le chef dit être surpris de voir que la mairie de Fada vienne intervenir dans cette zone.
Selon le maire de la commune de Fada N’Gourma, Monsieur Jean Claude LOARI, c’est à son absence et en l’absence des deux adjoints que le déguerpissement a été effectué. Sans vouloir se prononcer pour ne s’être pas rendu sur les lieux pour constater, il soutient que « cette question sera discutée et des réponses nous seront données dans un futur proche. »
Joint au téléphone, le maire de Matiakoali dit avoir été saisi de la question par les populations et a déjà entrepris des démarche pour comprendre la situation. Selon lui, « il n’existe pas de zone pastorale inter-communale à ce qu’il sache. »
Mais qui a ordonné le déguerpissement ce 4 septembre?
Le maire et ses adjoints n’ont pas pu nous situer. De même, les organisations de la société civile (OSC) dans le domaine de l’élevage disent ne pas être les initiateurs. L’opération s’est déroulée en l’absence du commandant de la police municipale.
Pour le RECOPA et le cadre de concertation des éleveurs, l’autorité n’est pas tenue de les informer d’une action de déguerpissement. Par conséquent, ils ont été informés par voie de presse comme les autres.
Pour le maire de la ville de Fada, c’est aussi avec surprise qu’il a été informé de cette opération. Juin au téléphone un jeudi, c’est finalement le lundi suivant que nous avons eu sa version.
Finalement, plusieurs questions restent toujours sans réponse.
Qui a ordonné le déguerpissement des populations dans les hameaux de culture du village de SOAM?
Les zones déguerpies étaient-elles dans la zone territoriale de la commune de Fada?
Pourquoi avoir attendu l’absence des premiers responsables de la commune et du commandant de la police municipale pour agir?
La rédaction