Edito : Divisez vite le Gulmu, mais avec les moyens qu’il faut
Une fois de plus, le Gulmu sera encore divisé. Déjà divisé entre quatre pays (le Burkina Faso, le Niger, le Togo et le Benin), le Gulmu, la terre des gourmantchés se verra selon la volonté du président, les propos du premier ministre lors de son discours de politique nationale à la nation et enfin selon le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT) de l’Est. Cette stratégie a été validée le 11 février 2021 par le Conseil Régional de l’Est trace les grandes lignes de l’opération. Cette nième division, porte la marque d’un peuple qui souffre sous le point d’un délaissement depuis plusieurs années.
Comme vous le savez, le Gulmu, de par sa situation géographique qui fait de lui le point de jonction entre le Niger, le Benin et le Togo, est très exposé à toute cette insécurité née du désenclavement de la région et qui crée une situation difficile pour les populations, en témoigne le grand nombre de déplacés dans la région et les multiples écoles fermées. En effet, dépourvu de routes et d’infrastructures socio-économiques, la région de l’Est est un grenier du pays. Riche en faunes et en flores, le Gulmu est aujourd’hui la risée des autres régions quand on parle d’elle.
L’immensité de l’espace et la porosité des frontières terrestres, la modicité des moyens humains, financiers, matériels et logistiques de la région, la grande capacité de nuisance des groupes armés et aussi leur grande mobilité grâce à leur connaissance pointue du terrain, sont là autant de difficultés pour la région de gagner cette bataille décisive. Mais, quelle solution pour résoudre ce problème tant décrier sur les réseaux sociaux et les médias ? La diviser davantage ? Telle est la solution prônée par le président du Faso et dont la mise en œuvre a été acté et annoncé par le premier ministre Christophe DABIRE.
Depuis les indépendances, le développement de la région de l’Est se résume à celui de la seule ville de Fada. Il suffit de parcourir moins d’une dizaine de kilomètres de la ville de Fada pour vivre une autre vision du développement de la région. Ni eau, ni de routes, ni électricité, ni infrastructures socio-économiques ne sont au rendez-vous à cause sans doute de la cupidité morbide des soi-disant grands de cette région. Homme visionnaire, l’ex-député Ludovic THIOMBIANO avait déjà, dès le 7 mai 2020, a mis en garde le gouvernement sur l’écroulement de l’économie dans la région. Aujourd’hui, le Gulmu, lourdement et injustement, qui n’a jamais semblé assumer ses responsabilités face au chaos qui règne, plongeant ainsi la région dans une descente aux enfers, s’essouffle et sa division en trois régions est à l’ordre du jour.
S’activant et se démenant inlassablement, la subdivision du Gulmu en trois régions vise à multiplier les initiatives dans la recherche de solutions durables à la question de développement actuelle. D’un point à l’autre de cette région, les populations sont obligées de passer par plus d’une demi-journée de route. De Logoubou à Manni ou Caolla, c’est plus de 400 km soit plus long que le trajet Ouagadougou-Banfora, soit la traversée de plus de région. Si la région est divisée en trois, chaque région aura le mérite de bénéficier de plus d’infrastructures socio-économiques d’une part et de l’autre, l’administration se rapprochera de la population. L’Etat se verra obligé de déployer des moyens dans les nouvelles régions crées et les programmes de développement avec. Mais ceci est sans compter sur la bonne foi des administrateurs puisque dans plusieurs communes de la région, les administrateurs dévient leurs missions premières pour spolier les populations.
En tout état de cause, l’urgence de la situation commande aux populations de l’Est de resserrer les liens de l’unité sur la question de développement et en mettant en sourdine, ne serait-ce que momentanément, les querelles byzantines afin de faire bloc derrière les autorités politiques et nos forces vives, tout en priant Dieu de nous donner la force nécessaire en ces circonstances pour voire l’intérêt général des populations. L’heure n’est point à la chicanerie politique, et autres débats stériles qui ne sont, au finish, sources de division et de pertes d’énergie. Il faut obliger l’administration à vite procéder à cette subdivision en accompagnant de moyens humains, techniques et financiers pour le grand bonheur de tous. Les peuples de l’Est ont assez souffert d’être éloignés de l’administration et des programmes de développement et attendent inlassablement que ceux qui doivent les aider à se sentir plus burkinabè soient là.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info