Déclaration de l’Union d’Action Syndicale (UAS) sur les graves atteintes à la liberté de la presse et au droit à l’information au Burkina Faso

Le 30 juin dernier, l’Union d’Action Syndicale (UAS) a fait une déclaration sur les graves atteintes à la liberté de la presse et au droit à l’information au Burkina Faso suite aux récents évènements auxquels certains médias ont dû faire face. Ci-dessous l’intégralité de la déclaration.

UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS) / BURKINA FASO

LES CENTRALES SYNDICALES : 

Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)

Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina (CNTB)

Confédération syndicale Burkinabé (CSB)

Force Ouvrière – Union Nationale des Syndicats (FO- UNS)

Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL)

Union Syndicale des Travailleurs du Burkina (USTB)

 

LES SYNDICATS AUTONOMES :

SAMAE – SATB – SATEB – SBM – SNEAB – SNESS – SYNAPAGER – SYNAPIB – SYNATEB – SYNATEL – SYNATIC – SYNATIPB – SYNTAS – SYNTRAPOT – SYSFMAB – UGMB

 

Ouagadougou, le 30 juin 2024

DÉCLARATION SUR LES GRAVES ATTEINTES A LA LIBERTE DE PRESSE ET AU DROIT À L’INFORMATION AU BURKINA FASO

Ces derniers temps, les autorités du Burkina Faso et leurs soutiens ont encore pris des mesures qui viennent serrer encore plus la vis sur les libertés démocratiques et les droits des citoyens. Sont particulièrement visés la liberté de presse et le droit à l’information des citoyens. Ces mesures liberticides sont les suivantes :

– l’enlèvement, le 24 juin 2024 à 5H du matin et sans aucun mandat, du journaliste Atiana Serge OULON, Directeur de publication du journal d’investigation L’Evénement alors qu’il devait se rendre au procès que son organe a intenté contre M. Adama SIGUIRE pour diffamation et injure ; cet enlèvement s’est curieusement accompagné de la confiscation de ses portables et de son ordinateur portable par des individus qui se sont présentés à son domicile comme des agents de l’Agence nationale de renseignements ;

– la suspension, le 20 juin 2024, pour un mois de L’Evénement par le Conseil supérieur de la Communication (CSC) ;

– la mise en demeure, le 19 juin 2024, du journal en ligne Lefaso.net, sommé de renforcer le dispositif de modération des commentaires sur ses plateformes, par le CSC ;

– la suspension par le CSC, le 20 juin 2024 et pour deux semaines, de l’émission de grande écoute 7Infos de la télévision BF1 pour des raisons subjectives et malgré la reconnaissance du professionnalisme de l’animateur de l’émission ;

– l’enlèvement du chroniqueur de l’émission 7Infos de BF1, Kalifara SERE, suite à son audition par le CSC à propos de fausses informations qu’il a livrées au cours de l’émission 7Infos de la télévision BF1, cela malgré le mea culpa qu’il a présenté au cours de l’émission puis devant le CSC, et sa convocation par le Service régional de la police judiciaire de Ouagadougou  ;

– le déferlement sur le siège de BF1 des soutiens du pouvoir appelés « wayiyans » en vue de proférer des menaces à l’organe de presse à propos de certaines de ses émissions et des personnes qu’il invite sur ses plateaux. Les soutiens du pouvoir ont clairement menacé de « sanctionner de la manière la plus sévère et rayer de la liste » les médias et les acteurs des réseaux sociaux « dont le message portera atteinte à la nation et à ses autorités » ;

– depuis le 29 juin 2024, les rumeurs font état de l’enlèvement de Adama BAYALA, un autre chroniqueur de l’émission Presse écho de la même télévision BF1. Le journaliste, par ailleurs Président du Réseau National des Consommateurs du Faso (Rencof) est porté disparu depuis le 28 juin 2024, selon une publication de sa structure sur sa page Facebook.

Juste avant ces dernières mesures, le CSC, l’instance de régulation des médias avait annoncé la suspension pour six mois de TV5 monde, sommé par ailleurs de payer une amende de 50 millions de francs CFA.

Le constat que l’on fait, c’est que toutes les mesures répressives contre la presse et les citoyens prennent pour prétexte le contexte de guerre contre le terrorisme.

L’Unité d’Action Syndicale, attachée au respect des libertés individuelles et collectives en général, à la liberté de la presse et au droit à l’information des citoyens en particulier :

– dénonce les sanctions répétées contre la presse et qui réduisent chaque jour un peu plus l’espace de la liberté de la presse dans notre pays ;

– dénonce et condamne l’enlèvement de M. Atiana Serge OULON, Directeur de publication du journal L’Evénement et du chroniqueur Kalifara SERE ;

– invite les autorités politiques à cesser d’exploiter le contexte sécuritaire pour multiplier les violations répétées de la constitution et des lois. Elle est convaincue que le bâillonnement de toute voix critique ne peut contribuer, ni à la victoire sur le terrorisme, ni au développement du pays ;

– exprime sa solidarité et ses encouragements au monde de la presse ;  

appelle ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les démocrates, à dénoncer les atteintes à la liberté de la presse et à soutenir le droit du public à l’information.

 Ont signé :

Pour les centrales syndicales     

Olivier Guy OUEDRAOGO

Secrétaire général/CSB

Pour les syndicats autonomes

Windyam ZONGO

Secrétaire général/SYNAPAGER

Gulmu.info

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