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Comment survivre dans la région de l’Est ?

Trouver un emploi : un rêve pour les jeunes burkinabè depuis les années 2000. Mais servir dans la région de l’Est depuis 2018 est devenu un cauchemar pour ceux qui y sont affectés. L’Est est devenu depuis l’un des endroits du pays où la vie est la plus difficile du point de vue de l’environnement sécuritaire et infrastructurel alentour. Il existe néanmoins des stratégies de subsistance. Quelles sont les techniques qu’ont développées les populations locales pour subsister au fil du temps ? Découvrez la vie dans l’Est du Burkina et ses moyens de subsistance.

Présentation du contexte de la vie des fonctionnaires dans la région de l’Est

Plus de 3/4 de la région de l’Est sont aujourd’hui des zones d’insécurités où sévit le terrorisme. La vie dans la région de l’Est et la région du Sahel est devenue très difficile mais elle est possible grâce à la résilience, au courage et au labeur des hommes qui y vivent. La dégradation avancée des infrastructures routières entraîne une difficulté d’accès et une adaptation des personnes devant s’y rendre à ces conditions particulières. Se rendre à l’Est et y vivre est possible à condition de s’adapter. A Logobou par exemple dans la province de la Tapoa, les populations se déplacent sans cesse à la recherche de réseau de télécommunication et de point de paiement bancaire ou mobile. Nous allons voir plus en détails ce que les habitants de l’Est ont développé pour survivre dans ces zones d’extrêmes dangers.

Les zones à risques

Nous définissons une zone à risques comme étant un endroit où des événements sont susceptibles de se produire et de causer de grands dommages mettant en danger la vie de la population. Dans la quasi-totalité de la région exception faite des communes de Diabo, Tibga et Diapangou, passer un seul jour sans craindre qu’un phénomène mettant en danger la vie d’une partie de la population ou de l’ensemble de la population ne se produise est une bénédiction divine. Sur une superficie de 46 228 Km2, moins de 2000 km2 peuvent être considérés comme des zones non à risque pas parce qu’elles le sont mais pour n’avoir pas depuis le début des attaques à connotation terroristes dans la région enregistré une attaque.

Les 44 000 autres km2 sont sous alerte maximale toute l’année (Botou, Logobou, Liptougou, Pama, Kompienga, Partiaga par exemples), d’autres sont sous alerte moyenne (Diapaga, Kantchari, Fada, et bien d’autres communes.). Ces deux types de zones d’insécurité ont une fréquence d’attaques armées en moyenne variant de 5 à 10 attaques par mois. Il peut arriver dans certaines localités qu’on enregistre dans un mois plus de 20 attaques. L’administration est quasi inexistante au cœur des communes sous alerte maximale mais elle apparaît dans les communes sous alerte moyenne.

La Tapoa, la Komandjari et la Kompienga sont les provinces les plus lourdement menacées par les attaques terroristes : par exemple les 2/3 de la province de la Tapoa et de la Kompienga sont sous le contrôle des groupes armés, ce qui entraîne la pauvreté, le déplacement massif vers les capitales des communes pour les populations. Pour illustration, selon l’Aperçu de la situation humanitaire au 04 mai 2021, la région de l’Est comptabilisait plus de 90 000 déplacées internes.

Comment survivre dans la région de l’Est ?

  • Accepter les conséquences du terrorisme

Depuis le début de la crise sécuritaire, le gouvernement burkinabè a adopté un projet de loi instituant l’état d’urgence dans six régions du Burkina Faso depuis 2018 afin de lutter efficacement contre le terrorisme. Un nouveau mode de vie s’est installé à l’Est, avec l’avènement des couvre-feux, des contrôles inopinées et une forte présence des hommes armés dans les villes et villages. La population a su trouver des techniques au fil du temps pour pouvoir subsister dans certains cas.

L’économie dans la région de l’Est survie grâce notamment à l’abnégation des commerçants et des transporteurs de la région qui est un apport pour compenser la difficulté d’accès de la zone et des nouveaux horaires de liberté de circulation dans la région. Le commerce est donc possible. Les commerçants cohabitent à côté des entrepreneurs qui peinent à exécuter leurs marchés. Faire des affaires à l’Est, est devenu un grand très compliqué.

  • Une décision emblématique : Le couvre-feu

Un couvre-feu est une interdiction à la population de circuler dans la rue durant une certaine période de la journée, qui est généralement la nuit et tôt le matin. A l’Est depuis près de trois ans, les heures du couvre-feu varient entre 19h et 4h du matin. Les populations sont libres de circuler et de mener des activités entre 4h du matin et 19h dans certaines localités, 4h et 22h dans d’autres et 4h et 00h pour la ville de Fada N’Gourma. Une décision emblématique qui occasionne beaucoup de perte pour les populations dans l’économie et une difficulté d’adaptation aux nouveaux horaires de liberté.

Durant les voyages dans la région, le constat est que 70 % de la région n’ayant pas de forces de défenses et de sécurités est sous couvre-feu et vit comme si ce couvre-feu n’existait pas par manque d’autorités pour le faire appliquer. Dans les communes de Logobou et de Botou, plusieurs villageois interrogés affirment ignorer la signification de ce mot et disent ne pas le respecter.

  • Vivre loin des siens

La ville de Fada regorge de beaucoup de débits de boissons avec un important nombre de serveuses venues des pays voisins. En effet, la plupart des fonctionnaires de la région vivent sans leurs familles. Ils préfèrent laisser la famille dans les villes sécurisées et vivre dans la région. Dans cette situation d’insécurité, le plus difficile pour les personnes en service dans la région est de faire venir la famille ou de vivre avec elle. Certains n’ont même le courage ni la force de faire subir à leurs progénitures et à leurs conjoints les aléas de la route, et aussi la peur lors des voyages.

  •  Payer plus pour peu de service et de marchandises

Si vivre à l’Est est un danger, faire des achats dans la région est encore pire. Des denrées alimentaires et autres services sont inaccessibles et quand on les a mis il faut y mettre plus que le prix qu’il faut. Absente, l’administration de contrôle des prix n’y peut rien. Les populations sont dans l’obligation de payer plus que les autres burkinabè afin d’obtenir le même service ou le même produit.

  • Vivre au dépend des Organisations Non Gouvernementales (ONG)

L’insécurité est venue avec des ONG. Unicef, Plan Burkina, Médecin Sans Frontières, et pleins d’autres ONG ont vite accouru dans la région de l’Est depuis le début de la crise. Chaque jour qui passe, les autorités locales et les Organisations de la Société Civiles (OSC) sont dans des ateliers organisés par ces organisations. Ce sont eux qui dictent les pistes de solutions et la conduite à suivre. Les autorités comme les OSC sont leurs bras d’action. D’exécutions de projets et de programme, les fonctionnaires de la région de l’Est ne vivent que pour exécuter les plans d’actions rédigés par ces organismes.

Van Marcel OUOBA, Gulmu Info

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