« Avec ce couvre-feu, des centaines de femmes sont contraintes d’accoucher à domicile sans assistance. » Julien MOYENGA, leader du Mouvement RN18

Les membres du Mouvement la RN18, ont fait connaitre leurs mécontentements le 15 février dernier dans la journée. Alors que le préfet de Bogandé avait rejeté leur demande d’occupation de l’espace publique pour la marche, les membres du mouvement se sont retrouvés à la bourse du travail dès 10h pour un sit-in qui par la suite dans la nuit s’est transformé en une marche de protestation contre le couvre-feu à l’heure du couvre-feu. Gulmu.info est donc entré en contact avec Monsieur Moyenga Julien (MJ), leader du Mouvement pour mieux comprendre ce qui s’est passé.


Gulmu Info : C’est quoi le Mouvement RN18 ?


MJ: Le Mouvement la RN18 (MRN18) est un mouvement populaire. Créé dans un premier temps pour réclamer le bitume de la route nationale 18, ce mouvement est devenu par la suite une organisation de la société civile de la province de la Gnagna très forte de proposition civique. A nos jours quatre grands point de revendications sont inscrits dans la plateforme pour :
• Le retour à la normale de la situation sécuritaire très dégradée de la province
• La levée du couvre-feu
• Le prolongement du bitume de la RN18 jusqu’à Taparko
• L’accès aux services socio-économiques de bases


Gulmu Info : Que s’est-il passé hier dans la ville de Bogandé ?


Les populations de Bogandé étaient très remontées ce 15 février. En effet, alors que toutes les autres fois et avec les mêmes acteurs, nous procédions à la même démarche, cette fois-ci, nous avons vu notre correspondance refusée par les autorités pour une raison de délai non respecté pour le dépôt de la demande. Nous avons invité nos camarades à nous rejoindre donc à la bourse du travail pour un sit-in et décidé de la suite. Après plus de 3h de concertation, et après avoir expliqué aux participants les tenants et les aboutissants de notre lutte, nous avons décidé de continuer le combat, et de reporter la marche pour le 22 Février prochain.
Mais compte tenu de la pression du couvre-feu sur nos activités nocturnes, un groupe d’individus, a décidé hier de manifester leurs mécontentements à la place Bantia, à l’heure du couvre-feu pour donner un signal fort.


Gulmu-info : Que reprochez-vous au couvre-feu ?


Cela fait trois ans que nous subissons les aléas de cette décision administrative. On nous demande de rester dans nos maisons et pendant ce temps, les terroristes pavanent dans nos villages et la réponse de nos autorités est un couvre-feu sans résultat. Les écoles se ferment et ceux qui doivent faire respecter le couvre-feu ont plié bagages dans certaines communes de la province comme Coalla. Cette décision nuit très fortement à notre économie. Le couvre-feu est perçu par les populations comme une punition.


Gulmu info : Que reprochez-vous exactement à l’administration ?

Nous avons assez souffert. Les entreprises ont tous fui la localité. La situation sécuritaire s’est trop dégradée. Nous sommes impuissants face à l’avancée terroriste et les déplacées internes vivent dans des conditions très misérables près de nous. Nos femmes sont obligées de se rendre à Fada, à Piéla où à Kaya pour une simple échographie. Pendant ce temps, deux appareils d’échographie sont installés dans une salle climatisée au CMA de Bogandé faute de personnels. Le pire est l’accès à l’eau potable. Dans notre province les populations sont contraintes de creuser des puits traditionnels pour avoir accès à une eau trouble. La seule ville de Bogandé dispose d’un branchement à l’ONEA. Les autres communes sont contraintes de faire ce qu’elles peuvent pour survivre. Avec ce couvre-feu, des centaines de femmes sont contraintes d’accoucher à domicile sans assistance. Trop c’est trop maintenant.

Gulmu Info : Quel est votre message pour les autorités locales?

Nous demandons aux autorités de jouer pleinement leurs rôles et d’assumer leurs responsabilités. Pendant que l’ennemi avance, on ne peut pas demander à la population de rester dans les cases et attendre. Nous avons assez attendu et il faut adopter d’autres stratégies pour nous sortir de ce chaos.
Une autre demande a été introduite ce jour pour une marche le 22 février 2022, nous demandons aux autorités d’aviser et de nous laisser exprimer notre mécontentement.

Propos recueillis par OUOBA Van Marcel pour Gulmu info

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