Appelez-nous les abandonnés
Débuté depuis le 19 Juin 2019, les réfugiés urbains de Ouagadougou sont toujours en grève. A force de ne pas trouver d’interlocuteur, ils ont élu domicile devant le siège du UNHCR. Des nattes, des moustiquaires, des ustensiles de cuisine, les réfugiés urbains réclament de meilleurs traitements et dénonce un usage abusif des fonds qui leurs sont alloués.
« Nous avons été vidés de nos maisons par nos bailleurs. Nous avons faim, nos enfants ne partent pas à l’école. On nous avons promis de nous aider à vivre dignement sans crainte mais aujourd’hui, nous sommes dans la crainte. On nous traitent comme des marchandises. » Voici des propos que nous avons receuilli auprés d’un réfugiés dans la nuit du 20 au 21 Juin 2019 devant le siège de HCR situé au quartier Gounghin de Ouagadougou.
A notre arrivés sur les lieux, des hommes, des femmes, des enfants sont tous couchés à même le sol sur des nattes. Une dame s’attelle à attacher son moustiquaire. Nous l’approchons et elle nous dit « Nous avons fui la guerre, les souffrances et nous avons trouvé refuge aux pays des hommes intègres. Mais actuellement, nous ne savons plus à quel saint se vouer. Nous sommes laissés à nous même comme des animaux en divagation. Nous demandons juste ce qui nous revient de droit en tant que humain. »
Pour tout celui qui a un coeur, vous ne pouvez vous empêcher de verser des larmes. Spectacle désolant. Des dizaines de réfugiés urbains sont entassés devant le HCR avec ce qu’ils ont. Nous n’avons pas pu supporter leurs regards; ces regards qui vous demandent secours, ce regard des enfants, des femmes, des vieillards, assis par groupes, dans le silence, ne sachant où aller, et que devenir.
Ils n’ont rien emporter pour survivre, et ils dorment à la belle étoile en ces temps de pluies. Il faut des mesures d’urgence pour résoudre le problème des réfugiés. Ils ont abandonné tout derrière eux. « Depuis le début, nous nous sommes efforcés ici de rester optimistes. Mais ces derniers jours, on s’interroge beaucoup…. Comment sortir de cet engrenage ? Les difficultés et les problèmes sont inhérents à l’homme. Cherchons les solutions. Et dans tous les sens. » nous a confié un réfugié.
Cette situation est désolante, car nous avons trouvé sur les lieux, des réfugiés sans logement, sans assistance sanitaire moins. Ils se cotisent et compte sur les bonnes volontés pour se préparer un repas communautaire. Aujourd’hui ces réfugiés dorment à la pleine lune devant les locaux de UNHCR à la merci des chauffards nocturnes, des moustiques, et la psychose policière qui traumatise.
Après 72 heures de grève, ils disent n’avoir pas encore eu d’interlocuteurs. Les propriétaires des locaux, viennent, les regardent, vaquent à leurs occupations et les ignorent. Ils se demandent souvent s’ils sont visibles. Il faut pourtant qu’une solution soit trouvée et dans le plus bref délai. Ces réfugiés ont besoin d’assistance et nul n’est à l’abris d’une telle situation. Les organisations et institutions mises en cause se devraient de les rencontrer et d’échanger avec les leaders de ces réfugiés afin de trouver un terrain d’entente.
Nous tenons à dire que nous avons tenté de rentrer en contact avec les responsables des ONGs CREDO, HCR, et de la CONAREF en vain.
Van Marcel OUOBA Gulmu.info