A la découverte du Gulmu

Le Gulmu ou la région de l’Est du Burkina s’étale sur près de 40 000 km2 et couvre environ un sixième du territoire national. La région de l’Est est la plus grande du Burkina Faso et contient 5 provinces : le Gourma, la Gnagna, la Tapoa, la Kompienga et la Komandjoari.

Trois frontières, deux fleuves, des falaises

Avec environ 1,5 million d’habitants, c’est l’une des régions les moins denses du Burkina. La région de l’Est a trois frontières internationales : avec le Niger à l’Est, et au Sud avec le Bénin et le Togo. Au Nord, la région de l’Est vient lécher la zone sahélienne. À l’Ouest, elle trouve sa limite avec la naissance du plateau Mossi.

Plusieurs fleuves et rivières sont répartis sur deux bassins hydrographiques : celui de la Volta et celui du fleuve Niger. Tout au sud, la Pendjari coule vers le Lac Volta au Ghana depuis les Montagnes de l’Atacora au Bénin en le séparant du Burkina sur sa partie amont. À l’Ouest, la Kompienga file au Sud et rencontrera la Pendjari au Bénin à quelques kilomètres de la frontière. En remontant vers le Nord de la région, trois rivières parallèles prennent leur source au Burkina et traversent le pays vers l’Est pour rejoindre le fleuve Niger : d’abord la Tapoa, la Bonsoaga et la Sirba.

Des reliefs rares : les falaises du Gobnangou

Les falaises du Gobnangou. Source: Burkinatours

Formant un bourrelet au Nord du Bassin versant de la Pendjari, les falaises du Gobnangou s’étalent entre Tansarga dans la province de la Tapoa et Madjoari dans la Kompienga. Assez irrégulières et globalement peu élevées (maximum 100m), elles offrent néanmoins un caractère unique à la région en permettant l’observation de panoramas grandioses. Composées de grès dur et solide, les falaises constitueront également un terrain de jeu pour des amateurs d’escalade, qui veilleront à ne pas déranger les babouins et les oiseaux qui y résident. En s’y aventurant en profondeur, on peut y découvrir d’étonnantes sources « sacrées » et se baigner sous de belles cascades en saison des pluies.

Agriculture, élevage, nature et culture

La région est sillonnée par deux principales voies de commerce : la route vers le Niger et celle vers le Bénin et le Togo. Ces deux axes majeurs se croisent à Fada N’Gourma avant de rejoindre Ouagadougou. La capitale régionale est donc un carrefour commercial international importante. La région, à l’instar du pays, voit sa population, essentiellement rurale, tirer ses revenus de l’agriculture. La région est également connue pour la présence important de Produits Forestiers Non Ligneux (Karité, Neem, Néré, Acacia…). Il s’agit d’essences végétales non cultivées, dont on peut valoriser les fruits, fleurs, feuilles ou encore la résine et l’écorce. On y trouve d’ailleurs l’un des marchés à bétail les plus grands et animés de l’Afrique de l’Ouest. En provenance du Nigeria, du Niger, du Mali, mais aussi du Ghana, du Bénin et du Togo, nombreux sont les éleveurs et les commerçants qui viennent chaque semaine y faire affaire.

Culture et patrimoine : deux potentiels forts.

Avec ses aires naturelles protégées et sa culture très prégnante, l’Est dispose de deux forces majeures pour son économie. Le Burkina Faso met d’ailleurs en place des stratégies de développement pour stimuler ses secteurs.

Un peuple : les Gourmantché

Le peuple Gourmantché est essentiellement présent sur le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Cette répartition démographique rappelle les frontières passées des territoires d’influences Gourmantché. Aujourd’hui, l’essentiel de la région de l’Est du Burkina Faso correspond à l’ancien pays Gourmantché. La capitale régionale, Fada N’Gourma, est la ville des rois des royaumes Gourmantché. Cœur économique de la région, elle abrite certains des éléments phares de ses traditions culturelles ancestrales.

Des origines assez mystérieuses

On dit que les premiers Gourmantché sont arrivés dans cette région après avoir quitté le Nigéria actuel. Ils auraient alors trouvé dans les Falaises du Gobnangou un lieu stratégique pour s’installer. Effectivement, les sols y sont fertiles et les falaises offraient de nombreuses cachettes en cas d’attaques. De l’eau jaillit de certaines sources des falaises toute l’année, ce qui permettait de résister à des sièges de longue durée. On retrouve d’ailleurs de nombreux vestiges troglodytes (habitations, greniers, peintures et autres moulins) en se promenant dans les falaises.

Le début d’une défiance persistante sur l’accès à la nature

Les Français et les Allemands étaient en compétition pour obtenir le contrôle du territoire au début du XXème siècle. Présents en pays Gourmantché, ils ont multiplié les accords de protectorat avec des rois de statuts divers dans la région. En effet, il existait un large réseau de petits royaumes vassaux d’un puissant royaume souverain installé à Fada N’Gourma. C’est finalement la France qui, ayant signé avec le roi du Gulmu a formalisé son occupation coloniale. Celui-ci disposait en effet de l’autorité sur le roi de Matiacoali avec qui les Allemands avaient conclu leurs traités.

Entre conservation naturelle administrée et gestion communautaire traditionnelle

Dès 1935, des naturalistes ont identifié dans cette région un potentiel fort en matière de conservation. Les autorités de l’Afrique Occidentale Française ont alors hissé de grands pans du pays Gourmantché au rang de réserves naturelles ou même de parcs. Les populations qui y demeuraient ont alors été sommées de se déplacer pour laisser ces espaces vierges de toute activité humaine.

Bien sûr, les populations ont vécu cela comme une déportation, probablement à juste titre. Aujourd’hui, la conscience populaire du besoin de conservation est globalement acquise, mais des débats perdurent sur les méthodes. Et les séquelles de l’époque coloniale, toujours vives dans certaines communautés, se manifestent encore parfois dans la population…

Source: www.gourmantour.org

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