A Fada, solidarité et compassion pour les personnes déplacées internes
Depuis quelque temps, la région de l’Est, ainsi que d’autres régions du Burkina Faso, fait face à une crise multidimensionnelle. A cause de l’insécurité s’accroît et près deux cent cinq mille (205 000) personnes (chiffres opérationnels du Groupe de Cordination Opérationnelle de la Réponse Rapide), soit prêt de deux cinquièmes de la population se sont déplacées pour trouver refuge dans des villages mieux sécurisés. Dans la commune de Fada, un exemple de solidarité et de compassion contribue fortement à la cohésion sociale. Des villageois prêtent leurs terres aux personnes déplacées internes pour s’y installer et les exploiter. Une action de solidarité et de compassion qui mérite d’être conté.
“Avant d’avoir les terres, je collectais le gravier pour vendre” nous confie Tani OUOBA. “Aujourd’hui, j’ai même oublié que je ne suis pas chez moi” a-t-elle fini par dire. Venue du village de Natiaboini, aujourd’hui sous contrôle des groupes armés, cette PDI (personne déplacée interne) vivait une situation difficile avec son mari dans leur village d’accueil. Pour se nourrir et subvenir à leurs besoins quotidiens, Tani s’était lancée dans le ramassage et le concassage du gravier. Pendant ce temps, son mari, lui, sillonnait les environs à la recherche d’un chantier où il espérait être embauché comme manœuvre. Mais quand Tani n’a rien vendu de la journée et que son mari n’a pas été engagé comme manœuvre, la vie de débrouille devient encore plus dure. Rien à se mettre sous la dent. Rien pour tromper la faim. Une situation pas très aisée mais malheureusement largement partagée par ces populations déplacées internes.
La lumière est venue du village de Binadeni, dans la commune de Fada. C’est là que vivent Tani et son mari. Leurs hôtes, des habitants du village sont venus à leur secours. Compatissants à leur souffrance, ils ont décidé d’agir. En effet, Des propriétaires terriens de ce village ont accepté de partager environ 25 hectares de leurs terres avec les personnes déplacées internes pour leur permettre de mener des activités notamment agricoles et d’élevage.
Bobodia NABA, un des propriétaires terriens se réjouit d’avoir prêté à trois ménages de 16 personnes une partie de son terrain qui après les récoltes ont obtenu 17 sacs de vivres. Il n’est pas le seul à avoir entrepris cette action combien noble.
Cette nouvelle situation profite aux déplacés internes, notamment à la famille de Tani qui occupe et exploite actuellement 2 hectares. Tani a retrouvé le sourire. Ses nouvelles activités génèrent des ressources qui permettent de subvenir convenablement à ses besoins quotidiens et ceux de son ménage.
Ainsi la situation des personnes déplacées internes à Fada a changé. Presque toutes aujourd’hui sont exploitent à leur seul profit des lopins de terres et retrouvent de la sorte leur dignité. Bien que la cohésion ne fût pas instantanément au rendez-vous, au fil du temps, les hôtes et les étrangers du village de Binadeni ont appris à se connaître et à vivre ensemble. S’accepter malgré les différences ethniques et religieuses, c’est ce qui favorise le vivre-ensemble. Les villageois de Binadeni semblent l’avoir compris à travers les actes louables posés.
Van Marcel OUOBA, Gulmu Info
NB: Ce reportage est réalisé dans le cadre du projet « Prévention de la violence et Médias » de la Fondation Hirondelle, avec le soutien du département fédéral des affaires étrangères, DFAE, de Suisse. 25 journalistes de 07 pays de la sous-région ouest-africaine bénéficient d’un cycle de formation organisé dans le cadre de ce projet, dont Ouaba Van Marcel.