« Nous n’avons pas le droit de trahir nos prédécesseurs qui nous ont confié ce pays » Me Hervé KAM
Message du Coordonnateur national du Mouvement SENS Me Guy Hervé Kam à l’occasion de la fête du nouvel an.
Cher(es) ami(es), cher(es) concitoyen(ne)s,
Burkinabè des campagnes, des villes et de l’extérieur,
Nous voilà en 2023. C’est un privilège que nous devons mesurer à sa juste valeur.
2022 aura été pour le monde, pour l’Afrique et pour notre pays, une année extrêmement difficile où de nombreuses vies innocentes ont été fauchées par l’exacerbation de la déraison humaine.
Pour ce qui concerne notre pays, l’on retiendra que la horde terroriste a fait plusieurs dizaines de victimes et de nombreux blessés et déplacés internes, qui porteront à jamais les souvenirs douloureux de cette année où leur vie a basculé.
2022, c’est aussi pour notre pays, l’année qui a marqué le retour de l’armée dans les affaires politiques et cela, dès le premier mois.
Deux coups d’état en 8 mois, c’est le triste bilan politique que l’on gardera de cette année 2022 sur la plan politique.
2022, c’est ensuite l’année où la cohésion sociale qui a toujours caractérisé notre pays a montré les signes les plus expressifs de son effritement. En effet, au cours cette année, nous avons vu et entendu des compatriotes appeler publiquement et à visage découvert au meurtre de personnes, en raison de leurs opinions, leurs ethnies, leurs religions ou leurs nationalités.
L’on a aussi vu et entendu des personnes s’en prendre dans les mêmes conditions à nos autorités coutumières et religieuses, les garde-fous qui ont empêché, à plusieurs occasions, le pays de sombrer.
Tout cela s’est passé sans une condamnation énergique ni du pouvoir exécutif, ni de la Justice.
En dehors d’un seul cas sanctionné par le Tribunal de Grande Instance de Kaya, les autres cas encore plus graves sont restés impunis à ce jour.
Pire, certains auteurs de ces propos ont même eu le droit de s’exprimer sur les antennes de la télévision nationale et dans certains médias privés.
Oui, c’est un privilège pour nous de vivre 2023. Mais ce privilège nous engage et nous oblige. Il nous impose un devoir, celui de rendre l’année 2023 meilleure que 2022.
Nous le pouvons et nous le devons. Ce n’est pas seulement une question de survie, c’est aussi et surtout une question de responsabilité.
Nous n’avons pas le droit de trahir nos prédécesseurs qui nous ont confié ce pays, à charge pour nous de le transmettre en meilleur état aux générations futures.
Notre responsabilité à tous y est engagée.
J’interpelle donc en premier lieu, le chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE sur sa responsabilité personnelle et directe à assurer la sécurité à tous les burkinabè, dans la cohésion et la justice sociale.
En effet, en choisissant de revêtir les attributs constitutionnels, il s’est engagé volontairement et librement à incarner et assurer l’unité nationale, à être le garant de l’intégrité du territoire, à faire respecter et à défendre la Constitution et les lois et, à tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso.
C’est un engagement solennel fort dont le respect impose le devoir d’ingratitude, l’ouverture, l’humilité et une vision patriotique.
Pour réussir la mission qu’il s’est ainsi fixée, le Capitaine TRAORE doit impérativement soigner nos armées, malades d’avidité du pouvoir, de divisions internes, de clanisme, de frustrations, etc.
Aucune fraction de l’armée aussi puissante soit-elle ne sauvera le Burkina Faso toute seule.
Le second chantier que le Chef de l’Etat doit absolument réussir est celui de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de la Justice.
Sur ce chantier, la voix du capitaine doit s’entendre et être sans équivoque. Elle doit exprimer une volonté politique forte qui doit inspirer les actions du gouvernement de la Transition sur le chemin d’un avenir radieux.
Soit nous gagnons ensemble, soit nous périssons ensemble.
Je m’adresse ensuite aux détenteurs du pouvoir judiciaire que j’appelle à ne prendre aucune liberté avec la mission que la constitution leur confère.
Dans les situations de crise, le pouvoir judiciaire, au-dessus de la mêlée, doit être à l’avant-garde. Il est inadmissible que la voix de la Justice soit inaudible quand la vie humaine ou la dissipation des maigres deniers publics est en question, mais trop bruyante quand il s’agit de protéger l’honneur hypothétique des princes du moment.
C’est pour des moments pareils que le peuple burkinabè, au prix d’énormes sacrifices, a donné à ses juges les garanties d’indépendance, uniques au monde.
« La paix ce n’est pas l’absence de la violence, mais la présence de la Justice », avait prévenu Martin Luther King.
Je salue la presse burkinabè pour son rôle assumé de quatrième pouvoir. 2023 ne sera pas meilleur que 2022 sans une presse professionnelle et audacieuse.
Dans ce contexte difficile de lutte contre le terrorisme, la marche et la démarche du journaliste sont périlleuses entre la volonté des dirigeants, les perceptions de la population et le devoir d’informer.
Comme le disait un homme politique et je suis en parfait accord avec lui, « la liberté de la presse présente des inconvénients. Mais moins que l’absence de liberté ». Sachez que je suis avec vous.
Aux hommes politiques toutes tendances confondues, j’adresse un message d’engagement patriotique. Dans ces moments particulièrement difficiles pour notre pays, il n’est pas responsable de faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre, pour ne rien avoir à dire.
Il faut sortir des calculs politiciens qui conduisent à la couardise lorsque la vie des burkinabè et la survie même du Burkina Faso sont menacées.
Enfin au peuple burkinabè, j’adresse le message de la révolte.
Révoltons-nous contre l’insécurité, révoltons-nous contre la stigmatisation, révoltons-nous contre les divisions identitaires, révoltons-nous contre les injustices de toutes natures, révoltons-nous contre la dissipation de nos ressources.
Engageons-nous !
Soyons tout simplement des Burkinbi.
C’est seulement à ce prix que 2023 sera une bonne et heureuse année.
Ce que je vous souhaite à tous de vivre.
Guy Hervé KAM