Edito: La région de l’Est est-elle bonne juste « pour des besoins de ressources ou d’électeurs »?
Depuis le début de l’hydre terroriste, beaucoup de Burkinabé pensent que le problème de la sécurité est mal apprécié, d’où sa mauvaise gestion. Le sentiment de délaissement est ressenti avec beaucoup plus d’acuité dans les zones dites rouges comme le Sahel, le Nord et l’Est. Les populations de la Région de l’Est accusent silencieusement le Gouvernement de les avoir abandonnées à la merci des Groupes Armées Terroristes (GAT).
Le récent drame de Partiaga, dans la province de la Tapoa (dont le bilan des vies humaines perdues et des dégâts matériels) semble difficile à quantifier ; Le calvaire des habitants des villages de Yamba, Tamboangou, Tandiari, de la commune de Yamba dans le Gourma, qui ont dû abandonner sous la menace des forces de l’obscurité, les terres de leurs ancêtres, ont renforcé cette conviction. Selon les organisations de la société civile de la province de la Tapoa, les autorités n’ont pas répondu à leurs cris de détresse. Une réaction prompte aurait permis d’éviter le carnage de Partiaga, qui du reste semble avoir presque rayé cette ville de la carte du pays.
Le silence, et la mauvaise riposte qui est toujours intervenue après l’horreur, sont pour elles des preuves que l’Est semble être oublié des gouvernants, à tel point que certains de ses enfants se sont convaincus que cette zone ne fait pas partie du Burkina Faso. Début Mars 2023 deux communes (Partiaga qui n’existe plus que le nom et Yamba), ont été ainsi perdues au profit de l’adversaire semeur de mort et de désolation. A la même période, seuls les chefs-lieux de province, si elles ne sont pas sous blocus, et certaines communes sont sur les papiers contrôlés par l’Etat.
La position stratégique de la région qui partage trois frontières du Burkina (Bénin, Niger et Togo), avec nos voisins, est sans nul doute un atout qui aurait dû motiver le gouvernement à mieux investir là. Celui qui contrôle cette zone, contrôle également l’un des carrefours des plus importants pour l’approvisionnement du pays en denrées de toutes sortes.
Pourquoi cet état de fait ? Pourquoi la région de l’Est est l’une des plus pauvre du Burkina Faso, bien qu’étant la plus vaste et la plus riche en ressources naturelles? Celle qui abrite plus de 50% des réserves fauniques et floriques du pays avec un sous-sol scandaleusement riche ? Les réponses à ces questions amènent ceux de l’Est à croire d’être abandonnés, justes bons à être exploités et souvent ridicules au plan national.
L’histoire de la gouvernance de cette partie du pays depuis les indépendances semble avoir contribué à construire ce sentiment de région de seconde zone , bonne tout simplement à être exploitée dans ses richesses forestières, fauniques, touristiques et du sous-sol pour les autres parties du pays. Certains Présidents comme le Colonel Saye Zerbo (qui avait visité Madjoari et planté un arbre qui vit toujours), et Thomas I. N. Sankara avaient posé des actes forts pour que chaque Burkinabé, où qu’il soit se sente appartenir à un même pays sans discrimination.
Cependant, depuis plus de trois décennies, la faiblesse, l’insuffisance et très souvent l’absence d’investissements sociaux économiques, infrastructurels, ont plongé la région dans un enclavement et une paupérisation sans nom. Cette situation ayant permis l’installation du reste des groupes terroristes. Par ailleurs ces mêmes populations pointent du doigt la responsabilité ses intellectuel (le)s, qui ont toujours brillé dans leur fausse fierté orgueilleuse, se contentant d’être de bons courtisans.
L’absence de leaders charismatiques fédérateurs a aussi contribué à diviser la région, qui du coup n’a pas de vrai ambassadeur au niveau du gouvernement central. Du point de vue de la conviction populaire c’est toutes ces choses qui ont encouragé les Présidents qui se sont succédés à la tête du pays à ranger les préoccupations de la région dans la catégorie « pour en cas de besoins de ressources ou d’électeurs ».
Pour prévenir des situations d’implosion qui pourraient entrainer une reconquête difficile, ou la perte définitive de la région de l’Est, les populations pensent que ses filles et fils doivent s’unir. Il est aussi impératif de refaire siens les valeurs de solidarité et cohabitation entre communautés. Aux gouvernants, la population demande de considérer toutes les régions au même pied d’égalité, dans un esprit de complémentarité pour un retour rapide de la sécurité.
Moise Guy NABA, Gulmu.Info
Le gouvernement doit mettre assez d’effort pour que la population de l’Est se sentent aussi burkinabè.