Puisse la jeunesse prendre conscience de sa force en 2019 !
L’année 2019 commence à feu et à sang au pays des hommes intègres,transformant ainsi ces moments, habituellement, de joie et d’espoirs, en des circonstances douloureuses. Dans un tel contexte où l’incertitude du lendemain hante bien des esprits, les vœux du nouvel an sont essentiellement axés autour de la paix et la sécurité pour le pays. Face à la grave crise sécuritaire et sociale que traverse le pays en début d’année, nous ne pouvons donc que souhaiter au Burkina Faso, à toutes ses filles et tous ses fils de retrouver la paix, la quiétude et l’espoir de lendemains meilleurs. Bien que débutant dans la douleur, nous formulons le vœu que cette année 2019 soit meilleure aux précédentes sur tous les plans. Nous formulons le vœu que les gouvernants puissent trouver les voies et moyens d’apaiser les cœurs meurtris des
victimes de ces barbaries, rendre justice aux victimes et de vaincre les forces du
mal.
Malgré les circonstances difficiles démoralisantes, tous les Burkinabè de bonne foi doivent se dire : « Nous avons les moyens et le pouvoir de changer notre pays ». Nous avons les hommes et les femmes qu’il faut. Il nous manque, certes, les leaders qu’il faut. Mais le Burkina est riche de ses nombreux filles et fils talentueux qui séduisent le monde entier par leur génie, leur force d’engagement, leur dévouement et la qualité de leur travail. Nous devons trouver les moyens de susciter et former un nouveau leadership engagé et désintéressé. Il nous manque aussi un système de management motivant et rassurant des compétences ainsi qu’un système des valeurs qui fonde l’action publique et notre rapport aux biens communs, aux institutions, aux autres
membres de la communauté. Si le peu de richesses dont dispose le pays étaient gérées avec toute la rigueur qui sied et le génie de ses fils méritants, le Burkina ne
serait pas là où il est aujourd’hui.
Tout le monde se plaît hypocritement à rappeler que nous sommes dans un Etat de droit. Mais franchement, quel est cet Etat de droit où l’hypocrisie et la malhonnêteté intellectuelle semblent être le point commun des principaux animateurs de la vie publique nationale ? Quel est cet Etat de droit où l’on tolère que politique doit rimer avec insouciance, insolence, mensonges, arrogance, mépris, médiocrité, enrichissement illicite, vols, détournement de deniers publics ? Quel est cet Etat de
droit où les gouvernants s’arrogent le droit de négocier leurs émoluments en violation des dispositions légales en la matière ? Quel est cet Etat de droit où les inimitiés personnelles, les peurs et les ressentis de quelques individus sont transformés en affaires d’Etat et alimentent des divisions au sein des populations ? Quel est cet Etat de droit où le calvaire et la détresse des jeunes désœuvrés sont exploités sans vergogne par des politiques qui leur sous-traitent leurs haines contre quelques peccadilles ? Quel est cet Etat de droit où quelques deux ou trois centaines de milliers d’individus s’arrogent le droit de se disputer presque toutes les maigres ressources d’un pays qui compte plus de 18 millions d’habitants ? Peut-on construire un Etat de droit sans une citoyenneté assumée et responsable ? L’Etat de droit doit-il profiter à la seule élite politico-bureaucratique qui investit toutes ses énergies dans la recherche du bien-être individuel ou de groupes de ses membres ?
Bref, vivement que 2019 marque le début de la fin de cette hypocrisie nationale qui est la marque déposée d’une génération d’hommes politiques à qui le pays a tout donné et permis. Aucune génération de politiques et de dirigeants avant celle-ci n’a pu amasser autant de fortunes et de patrimoine. Aucune autre après elle ne pourra en amasser autant. Oui, cette génération d’enfants gâtés de la politique, d’officiers supérieurs de l’armée, d’opérateurs économiques et d’agents publics formatés dans le système de gouvernance fondée sur la compromission et la prédation, la corruption, la concussion a suffisamment abusé du pays, de ses biens et des opportunités de réalisation de soi. Cette génération de Burkinabè a travaillé à décrédibiliser les valeurs cardinales qui fondent le vivre ensemble. L’état actuel du pays n’est que la résultante de tant de compromissions, d’amitiés trahies, de relations incestueuses avec des réseaux de trafics et de crimes en tous genres, de confrontations des ambitions et des intérêts égoïstes et claniques, de mépris pour le peuple.
Les Burkinabè, surtout les jeunes, doivent enfin se réveiller. La jeunesse doit se démarquer de ces marchands d’illusions qui ne savent que diviser pour régner.
L’avenir des jeunes ne peut pas se jouer dans les bagarres entre les caïmans d’une même marre. Au lieu de passer leur temps à insulter des aînés parce que d’autres aînés (qui ont leur avenir derrière eux) leur offrent des miettes, les jeunes gagneraient à s’organiser pour prendre tous les pouvoirs que leur nombre leur confère dans un Etat de droit véritable. La misère ne doit pas justifier la compromission de l’avenir de leur pays, leur avenir. Norbert Zongo l’avait dit : « Nul ne peut avoir un avenir dans un pays qui n’en a pas ». Bonne et heureuse année 2019.
Le reporter