Terrorisme à l’Est: Résilience ou résistance?
Prendre la décision de partir n’est pas facile, mais rester peut aussi entraîner de lourdes conséquences… Des milliers de personnes dans l’Est sont confrontés à faire un choix. Partir, rester… il n’est pas simple de prendre la décision quant au sort qu’on veut donner à sa vie. Les conséquences de cette période d’insécurité sont énormes. Peu importe la décision, au delà de la résilience, les populations doivent résister.
Dans la région de l’Est, plus rie ne va. Les populations vivent dans la peur. Chaque jour, une partie de la région est visitée et attaquée par des hommes armés non identifiés. Une situation qui oblige les population à trouver des points positifs à la situation; tout devient négatif, chaque détail se transforme en élément perturbateur et provocateur de discordes… tout le monde se méfie de chacun.
Le doute s’installe alors ; faut-il partir ou rester ?
Lorsque la fuite devient une option que l’on envisage, il est alors primordial de prendre le temps de réfléchir, quelle que soit la décision que l’on prendra au final. En effet, il s’agit là d’un moment déterminant de la vie, ainsi que de celle de la nation. Où irons-nous? Que ferions nous? Que nous réserve l’avenir?
Voici autant de questions qui créent le doute dans la tête de toutes les personnes qui face à la peur désirent partir. Un habitant de Matiacoali affirmait lors d’une causerie: « Les autorités administratives et coutumières ont pliées bagages depuis longtemps. Nous n’avons d’autre choix que de partir comme eux. »
Quand plus rien ne semble aller : faut-il partir ou rester ?
Si la situation sécuritaire en êtes arrivée à un point où la question de partir ou rester se pose dans les esprits, cela signifie qu’il existe un véritable problème au cœur de la gestion de la crise. En effet, cette interrogation n’existerait même pas si tout allait bien. Les populations sont acculées. Une décision s’impose alors. Cependant, elle ne peut pas être prise à la hâte.
Elles doivent donc prendre le temps de choisir ce qu’elles veulent faire de leur village, de leur commune, de leur province et de leur pays. Cela aura, non seulement, une influence sur leur vie, mais également sur celle de leur communauté. Partir n’est donc pas la solution, il faut y faire face et affronter le danger. Mais comment y faire face?
Rester dans la résilience ou dans la résistance?
Le sujet de l’insécurité au Burkina et particulièrement à l’Est demeure une grave préoccupation en matière de paix et elle ne peut que révolter toute âme humaniste. C’est le moment plus que jamais où les populations doivent se soutenir dans cette dure épreuve sans lien aucun avec les recommandations de l’autorité sur place. Les populations doivent dans un premier temps se réadapter à la nouvelle situation qui s’impose à elle. Par définition, la résilience est simplement une réadaptation humaine à une situation.
Chaque personne dans la région de l’Est doit avoir de nouvelles pratiques tant dans les habitudes, les réflexes, la manière d’être et de faire que l’organisation sociale et communautaire. Il doit y avoir une réadaptation à la nouvelle donne. Plus que jamais, des slogans comme « restons debout » , « La patrie ou la mort, nous vaincrons » doivent trouver leurs sens dans tous les gestes de la société.
Si la résilience c’est « refaire ou faire ou continuer l’existence malgré quelque chose », la résistance tend plutôt au refus de s’accommoder, de s’adapter ou de faire avec. La résistance c’est plutôt faire échec activement, frontalement à quelque chose qu’on ne voudrait pas et qui veut s’imposer à nous. En plus d’être résilient, les populations doivent aussi apprendre à résister.
La résilience c’est la méthode « soft » et la résistance c’est la méthode « hard ».
Les deux méthodes « Résilience et Résistance » peuvent représenter des réponses différentes à un phénomène qui visent à concourir ensemble à sa résolution globale. La motivation de toute la population pour le retour de la paix tire sa source dans cette situation de guerre, de souffrance et de misère que connait notre pays.
Être résiliant ce n’est ni être résigné ni être accepté de vivre avec le terreur et le terrorisme. Il est plus que temps de le combattre avec ou sans l’appui des autorités. Ce n’est non plus du défaitisme qu’il s’agit. Il s’agit d’une réponse adaptée face à une situation à un moment en relation avec les moyens du moment. Le combat pour la paix trouve tout son sens ici. Notre présent et notre avenir sont menacés.
Pour combattre ce fléau, en plus d’être résilient, les populations se doivent maintenant de résister.
Van Marcel OUOBA, Gulmu.Info
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