Les pays de la zone franc face au terrorisme monétaire français
« Dans n‘importe quel pays, celui qui contrôle la masse monétaire est le maître absolu de l‘industrie et du commerce. Si vous comprenez que ce système est ainsi très facilement contrôlé par une poignée de personnes, alors vous n‘avez pas besoin que quelqu‘un d‘autre vous explique les causes de l‘inflation et du resserrement (monétaire) ». Dixit James Garfield, vingtième président des États-Unis, victime d’un assassinat perpétré par Charles Guiteau, Quelques semaines après avoir prononcé ce discours, le 2 juillet 1881
Dans le cadre des accords dits de coopération monétaire avec la France, le Burkina Faso comme tous les autres pays de la zone franc, doit déposer 50% de ses réserves de change dans un compte ouvert pour lui par la France dans son trésor public. Ce compte est appelé compte d’opération.
Jusqu’en 1973, les Banques centrales africaines francophones au Sud du Sahara, étaient tenues de verser sur ce compte la totalité des avoirs extérieurs qu’elles détenaient. L’article 3 de la dite convention de compte d’opération de 1973, autorise désormais les pays Africains de la Zone Franc à déposer au Trésor Français 65 % au moins de leurs réserves de change et à détenir au maximum 35% de leurs avoirs extérieurs pour répondre à leurs besoins de trésorerie et honorer leurs engagements auprès du F.M.I. et de la B.R.I. (Banque des Règlements Internationaux).
Depuis le 20 septembre 2005, ce taux selon l’Avenant N°1 du 20 septembre 2005 de la convention de 1973, est égal à 50% pour la BCEAO et le 1ér juillet 2009 pour la BCEAC. Pour la BCC des Îles Comores, le taux est toujours de 65%.
L’Institut Technique de Banque (I.T.B.) fait ressortir qu’ « En contrepartie du respect rigoureux de ce principe de centralisation des réserves de change à Paris par les Africains, le Trésor Français s’engage à fournir toutes les sommes dont les Banques Centrales Africaines peuvent avoir besoin, aussi bien pour leurs règlements à l’intérieur de la zone que pour leurs paiements extérieurs en devises ».
Le FCFA n’étant pas reconnu sur le marché international de change, c’est la France seule qui a le pouvoir de vendre et d’acheter des devises étrangères pour le compte des pays de la zone franc. Selon le rapport d’information numéro 2907 du 09 juillet 1992 produit par l’assemblée nationale de France : « C’est la France qui achète et vend quotidiennement les devises sur le marché de change pour le compte des institutions d’émissions africaines. »
Pour tous les achats à l’extérieur, l’État Burkinabè fait appel au Trésor public Français par une demande dite « causée » et le trésor public étudie la demande en fonction de ses intérêts économiques et politiques. Si l’achat ne l’arrange pas ou porte atteinte à ses intérêts politiques et économiques, elle bloque la commande. Comme nous le savons tous, l’achat d’équipements militaires payés hors de la France, qui donneront un avantage, au Burkina Faso sur les terroristes, peut porter gravement atteintes aux intérêts économiques et géostratégiques Français. Et comme le Burkina Faso et tous les autres pays de zone franc n’ont aucun pouvoir de choisir librement avec qui commercer sans l’aval préalable de la France impérialiste, elle dicte sa loi. Au cas ou la demande est validée, c’est le trésor public de France qui prélève dans les comptes d’opération des 50% des avoirs que l’État Burkinabè dépose quotidiennement et fait les achats pour le compte de l’État Burkinabè.
Si toute fois le Burkina choisit d’acheter des marchandises dont la France produit, avec un concurrent dans un autre pays, la France met son véto même si le pays outre que la France a des meilleurs prix ou meilleurs produits. C’est ainsi que la France impose aux africains la consommation de ses produits à des coûts trois fois plus chers que le prix normal sur le marché. (Voir métro d’Abidjan).
A cela s’ajoute la mauvaise foi de la France dans la livraison des équipements ou matériels commandés. La France éprouve un malin plaisir à livrer non seulement avec lenteur expresse les équipements, mais également elle prend soin de s’assurer que le matériel ou l’équipement soit de mauvaise qualité. C’est le cas des chemins de fer ou de la centrale solaire construite au Burkina Faso mais aussi les équipements militaires destinés au Burkina Faso et d’autres destinés au « Jeu5 » Sahel (comme l’a su bien nommé un frère Burkinabè ). Ce qui relève d’ailleurs la lettre du continent LC-N°809 : « La nouvelle contribution de 138 millions € de l’Union européenne (UE) à la force conjointe du G5 Sahel n’a toujours pas été décaissée et ne devrait pas l’être avant début 2020. Cause de ce retard : l’UE envisage de contribuer directement via un appui budgétaire aux pays du G5 Sahel. La première contribution européenne de 100 millions € avait été largement gérée par Expertise France, qui avait supervisé l’achat d’une cinquantaine de blindés Bastion du constructeur Arquus et de divers équipements non létaux (gilets pare-balles, etc., LC n°782). Plusieurs Etats membres du G5 Sahel, au premier rang desquels le Burkina Faso, s’étaient ouvertement plaints de l’opérateur français pour sa supposée « lenteur » dans l’obtention des équipements, alors même que les premiers blindés doivent arriver sur zone au premier trimestre 2020. »
Le « Jeu5 » est l’un des marchés les plus importants pour la France depuis 1960. C’est la même France qui fournit aux terroristes les armes les plus sophistiquées. Voilà les raisons pour lesquelles les USA et l’Allemagne refusent d’enrichir la France à travers son « Jeu5 » Sahel.
C’est l’occasion pour nous, peuples du G5 Sahel de nous mobiliser autour de nos commandants en Chef, de nos Etats souverains, pour exiger à la France de cesser sa politique de péonage. C’est l’occasion aussi pour nous de communiquer avec les autres peuples, notamment le peuple Français, également victimes de leurs dirigeants sur les responsabilités de Paris dans le pillage monétaire des pays de la zone franc.
Œil D’Afrik
Le Président
Larba Israël LOMPO