Enseignants de l’Est : Les Héros Oubliés de l’Éducation en Zone de Crise
Dans la région de l’Est, principalement dans la province de la Tapoa, marquée par une instabilité persistante dueaux attaques terroristes, les enseignants se battent au quotidien pour offrir une éducation de qualité à leurs élèves, malgré des conditions de travail souvent critiques. Leur résilience est mise à rude épreuve, et les témoignages de ces professionnels révèlent une réalité douloureuse, teintée d’isolement, de frustration et d’un profond désir de contribuer à l’avenir de leurs élèves.
Un Contexte Difficile
Les enseignants de la région de l’Est sont souvent affectés à des zones à haut risque, où la violence et l’insécurité sont omniprésentes. Un système d’héliportage a été mis en place pour assurer leur arrivée sur ces sites, mais ce même système reste défaillant lorsqu’il s’agit de les rapatrier à la fin de l’année scolaire. Ces professionnels se retrouvent ainsi éloignés de leurs familles, ce qui engendre des conséquences émotionnelles et psychologiques importantes.
Témoignages d’Enseignants
Mathieu, non d’emprunt, enseignant de mathématiques dans un lycée à Diapaga:
« Je suis ici depuis trois ans, et chaque année, c’est la même histoire. À la fin de l’année scolaire, je ne sais même pas si je pourrai rentrer chez moi. Ma famille me manque terriblement. Je me sens coupée du monde. Les élèves ont besoin de moi, mais j’ai aussi besoin de mes proches pour me ressourcer. C’est un combat quotidien. »
Mathieu évoque le dilemme auquel il fait face : être présent pour ses élèves tout en ressentant un vide immense en raison de son éloignement familial. Pour lui, l’éducation est une vocation, mais le coût personnel est élevé.
Antoine, nom d’emprunt dans une école a Kantchari:
« Nous avons des formations, mais c’est loin d’être suffisant. Mes collègues dans d’autres régions passent des concours, avancent dans leur carrière, tandis que nous restons bloqués ici. Je me sens comme si j’étais dans une impasse. L’enseignement est ma passion, mais je me demande parfois si cela en vaut la peine. »
Antoine souligne l’angoisse de la stagnation professionnelle. Il est dévoué à ses élèves, mais le manque d’opportunités pour progresser dans sa carrière le pousse à se poser des questions sur son avenir.
Sophie, non d’emprunt, enseignante dans une école à Diapaga :
« L’isolement est écrasant. Nous sommes dans un endroit où les ressources sont limitées, et il est difficile de trouver un soutien psychologique. Je fais de mon mieux pour soutenir mes enseignants, mais qui prend soin de nous ? Chaque jour, je me demande comment je peux continuer à donner le meilleur de moi-même tout en portant ce poids sur mes épaules. »
Sophie exprime le besoin urgent de soutien, non seulement pour les enseignants, mais aussi pour les directeurs qui se trouvent en première ligne. La pression est immense, et le manque de ressources les laisse souvent démunis face aux défis quotidiens.
Une Réalité Ignorée
Ces témoignages mettent en lumière une réalité souvent ignorée par les décideurs. Les enseignants de la région de l’Est ne cherchent pas la pitié, mais plutôt une reconnaissance de leur dévouement et des solutions concrètes à leurs problèmes. La promesse d’un avenir meilleur pour leurs élèves dépend en grande partie de l’attention que l’on leur porte.
Vers des Solutions Concrètes
Il est impératif que les autorités reconnaissent les sacrifices de ces enseignants et mettent en place des mesures pour améliorer leurs conditions de vie et de travail :
1. Rapatriement Régulier : Établir un calendrier de rapatriement permettant aux enseignants de rentrer chez eux pendant les vacances scolaires, afin de réduire l’isolement.
2. Formations et Développement : Offrir des formations et des opportunités d’avancement pour que les enseignants puissent continuer à se former et à évoluer, même dans des zones isolées.
3. Soutien Psychologique : Mettre en place des services de soutien psychologique accessibles pour aider les enseignants à gérer le stress et l’isolement.
4. Incentives Financiers : Proposer des primes ou des incitations financières pour attirer et retenir les enseignants dans ces zones difficiles, reconnaissant ainsi leur engagement.
Leur résilience et leur dévouement à l’éducation sont admirables, mais ils méritent un soutien qui reflète l’importance de leur rôle. En investissant dans leur bien-être, nous investissons dans l’avenir de nos enfants et de notre société. Il est temps de les écouter, de reconnaître leurs sacrifices et de leur offrir les solutions qu’ils méritent.
Van Marcel OUOBA, Gulmu.info
Images d’illustration